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Billet

Conférence de paix : l’Elysée recule-t-il face à Israël ?

Benyamin Nétanyahou, en mai 2016 à Jérusalem. (Photo Gali Tibbon. AFP)
publié le 17 mai 2016 à 20h01

Les Français vont-ils parvenir à lancer leur initiative de paix israélo-palestinienne ou le projet est-il déjà mort-né ? Même si les choses restent confuses, le Quai d’Orsay semble y croire encore. Mais la séquence des derniers jours est désastreuse. Retour en arrière. A la mi-avril, la France se met en tête de relancer un projet initié par l’ex-ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius : une conférence de paix israélo-palestinienne. Excellente idée. Ce n’est pas parce que le monde entier s’est cassé le nez sur le sujet qu’il faut renoncer. Jean-Marc Ayrault décide de monter l’opération en deux temps : une conférence, le 30 mai, à laquelle participeraient les membres du Quartette (Russie, Etats-Unis, UE, ONU) et ceux de la Ligue arabe, à l’exception des Israéliens et Palestiniens, ce qui est une très bonne chose car ceux-là ne font que compliquer un dossier déjà complexe ; et un sommet international à l’automne qui avaliserait les conclusions du 30 mai avec, cette fois, les deux acteurs concernés.

L'Etat hébreu réagit très vite, clamant son hostilité à ce qu'il considère comme une ingérence, l'idée de la communauté internationale étant de le contraindre à renoncer à son plan de colonisation des Territoires palestiniens, jugé illégal par l'ONU. Résultat, quand Jean-Marc Ayrault débarque en Israël ce week-end, il se prend une volée de bois vert par le Premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, qui accuse Paris de «partialité» à la suite du vote récent, par le conseil exécutif de l'Unesco (où figure la France) d'une résolution sur la «Palestine occupée» visant à «sauvegarder le patrimoine culturel palestinien et le caractère distinctif de Jérusalem-Est». La résolution comportait, certes, des défauts et le Quai d'Orsay aurait dû s'y intéresser de plus près, mais cela ne méritait pas que Hollande et Valls rétropédalent comme ils l'ont fait tout le week-end, fustigeant le vote «fâcheux» de la résolution et invoquant une «maladresse». Une réaction qui, de l'extérieur, a donné l'impression d'un lâchage du Quai d'Orsay par l'Elysée et d'une débandade de la France devant le courroux de Nétanyahou, qui n'attendait que ça pour freiner l'initiative. Mardi matin, dernier épisode (jusqu'au prochain !), Hollande annonce sur Europe 1 que la conférence est reportée à l'été, ce qui sent l'enterrement de première classe. Aux dernières nouvelles, Ayrault essaierait juste de trouver un créneau pour que son homologue américain soit présent. Mais il faut que ce soit avant le début du ramadan, donc avant le 6 juin. Pas gagné.