Un avion d'Egyptair parti mercredi soir de Paris à destination du Caire a disparu des radars, a annoncé tôt jeudi matin la compagnie aérienne égyptienne sur Twitter. Après une fausse piste jeudi, vendredi matin, l'armée égyptienne a annoncé sur sa page facebook avoir retrouvé les débris de l'Airbus d'Egyptair au nord d'Alexandrie. Le communiqué explique que «les avions égyptiens et la flotte maritime égyptienne sont parvenus à repérer quelques affaires personnelles des passagers ainsi que des débris de l'avion à 290 km au nord d'Alexandrie. Les recherches se poursuivent ainsi que la récupération de ce que l'on retrouve».
Les raisons du crash sont encore inconnues à ce jour : «nous ne savons pas pourquoi l'avion a disparu», a déclaré un porte-parole de la compagnie dans un communiqué. En début d'après-midi, le ministre égyptien de l'Aviation civile avait estimé qu'un attentat était plus probable qu'un incident technique.
dAlain Vidalies, secrétaire d’État chargé des transports, a annoncé que le Bureau d’Enquête et d’Analyses allait dépêcher trois enquêteurs au Caire. Ils seront accompagnés d’un conseiller technique d’Airbus afin de participer à l’enquête de sécurité autour de la disparition de l’avion.
“We have found the wreckage,” #EgyptAir VP tells CNN’s Christiane Amanpour about Flight 804 https://t.co/dU3r9cB61E https://t.co/VbpCdNiCcZ
— CNN (@CNN) May 19, 2016
Dans la matinée, le ministère égyptien des Affaires étrangères a échangé des condoléances avec son homologue français Jean-Marc Ayrault: «un message dans lequel il exprimait ses condoléances pour le crash de l'avion et, en retour, M. Choukry a fait part de ses condoléances au ministre français pour les victimes françaises», lit-on dans le communiqué. François Hollande avait indiqué qu'«aucune hypothèse n'est écartée, aucune n'est privilégiée».
Les recherches en cours
Selon un communiqué du ministère grec de la Défense, les forces armées grecques se sont déployées «à 130 miles de Karpathos, une frégate de la marine de guerre, un avion C-130 et un avion militaire EMB-145 qui participent aux recherches». Selon le même communiqué, «deux autres hélicoptères Super Puma sont à Karpathos et sont aussi prêts à participer à ces recherches.»
Le ministre grec de la Défense Panos Kamenos a accepté l’aide de la France et des États-Unis qui vont envoyer chacun un avion.
Résumé de la nuit
«Vers 00h29 GMT [2h29 en France et en Egypte, 3h29 en Grèce, ndlr] alors qu'il se trouvait dans l'espace aérien égyptien, l'avion a disparu des radars grecs […] il s'est écrasé à environ 130 miles [209 km] de l'île de Karpathos», a indiqué une source grecque à l'AFP.
Le vol MS804 avait décollé de l’aéroport de Roissy à 23 h09, avec avec 25 minutes de retard. Il se trouvait à 37 000 pieds (plus de 11 000 mètres) d’altitude et était entré dans l’espace aérien égyptien quand il a disparu des radars jeudi à 2 h 29, a précisé Egyptair. L’avion, un Airbus A320-232, avait été commercialisé la première fois en juillet 2003.
An informed source at EGYPTAIR reported that EGYPTAIR Flight No MS 804 has lost communication with radar tracking system at 02:45 (CLT)
— EGYPTAIR (@EGYPTAIR) May 19, 2016
«Le vol Egyptair MS804 a perdu le contact avec les appareils radars à 2h45, heure du Caire», indique le compte Twitter d'Egyptair, précisant que l'avion avait disparu des radars «après avoir pénétré l'espace aérien égyptien de dix miles» [16 km].
Le reste est flou, mais on en sait un peu plus sur la suite de la nuit : «L'image que nous avons est qu'à 00H37 GMT [2h37 heure française ndlr], l'avion, qui se trouvait à peu près de 10-15 miles dans l'espace aérien égyptien a effectué un virage de 90 degrés à gauche puis de 360 degrés à droite en chutant de 37 000 à 15 000 pieds où son image a été perdue, environ à 10 000 pieds d'altitude», a déclaré le ministre des grec de la Défense Panos Kammenos dans une conférence de presse, après s'être entretenu avec son homologue égyptien.
L’appareil transportait 56 passagers, dont un petit garçon et deux bébés, ainsi que sept membres d’équipage et trois officiers de sécurité, a ajouté plus tard la compagnie nationale dans un communiqué. Une première information a fait état de l’envoi d’un signal de détresse, mais elle a été démentie par la suite.
L’avion avait été livré à la compagnie aérienne fin 2003, accumulant 48 000 heures de vol. Cet usage semble cohérent avec un appareil de moins de 13 ans, ce qui est relativement récent dans un secteur où les avions sont prévus pour durer 30 voire 40 ans.
Avant de s’envoler peu après 23 heures de Paris, l’avion avait effectué plusieurs rotations à un rythme soutenu, selon le site spécialisé FlightRadar24 qui suit les évolutions du trafic aérien en temps réel et conserve les archives des vols. Là encore, une utilisation aussi intensive constitue la norme dans l’aviation civile. L’appareil avait démarré sa journée de mercredi à Asmara, la capitale de l’Erythrée, où il était arrivé mardi soir du Caire, selon Flightradar. Il avait redécollé à 3h 30 (heure française) pour la capitale égyptienne où il a atterri deux heures et 32 minutes plus tard… Un peu plus de deux heures après, à 8 h 21, il est reparti pour Tunis, un vol de trois heures et 12 minutes. Après seulement une heure et deux minutes d’escale, il est revenu au Caire à 15 h17 à l’issue de deux heures et 24 minutes de trajet, toujours selon FlightRadar24. Son escale au Caire a duré cette fois moins de deux heures et il a redécollé pour Paris-Charles de Gaulle où il a atterri à 21 h 55, selon ces registres. Il a redécollé de la capitale française vers 23 heures et devait atterrir au Caire vers 3 heures. Il a disparu des radars grecs vers 2 h 30, alors qu’il se trouvait dans l’espace aérien égyptien.
Dans l’aérogare des arrivées de l’aéroport du Caire, tout était calme au petit matin, a rapporté un journaliste de l’AFP, les familles des passagers ayant probablement été immédiatement isolées dans une pièce à part. Le vol MS804 n’était pas mentionné sur les tableaux électroniques des arrivées.
Des précédents égyptiens
Le 31 octobre, une bombe avait explosé à bord d’un avion transportant des touristes russes peu après son décollage de la station balnéaire de Charm el-Cheikh, dans le sud-est de l’Egypte, tuant ses 224 occupants. L’attentat a été revendiqué par la branche égyptienne du groupe jihadiste Etat islamique, qui multiplie en Egypte attentats et attaques, visant principalement les forces de sécurité.
Et, le 29 mars, un pirate de l'air «psychologiquement instable» avait détourné vers Chypre un avion EgyptAir qui avait décollé d'Alexandrie et transportait 55 passagers. A l'arrivée à l'aéroport chypriote de Larnaca, l'homme avait libéré une grande partie des passagers, puis s'était rendu sans heurts au bout de six heures de négociations.