Jean-Claude Juncker aurait pu strictement appliquer la règle. Mais le président de la Commission européenne a préféré ne pas prendre le risque d’alimenter le «Bruxelles bashing» ambiant. Mercredi, en repoussant toute sanction dans l’immédiat contre l’Espagne et le Portugal, malgré des déficits publics qui dérapent, la Commission s’est montrée conciliante.
L’Espagne et le Portugal, qui n’ont pas atteint en 2015 les objectifs fixés par Bruxelles en termes de réduction du déficit public, auraient pu se voir infliger une amende pouvant aller jusqu’à 0,2 % de leur produit intérieur brut. Mais l’exécutif européen a décidé d’attendre juillet. Concernant l’Espagne, il était délicat de sanctionner un pays sans gouvernement, et sous cure d’austérité.
Et punir le Portugal tout en faisant preuve de mansuétude à l’endroit de l’Espagne ? C’était prendre le risque de l’affrontement avec le pays, qui a décidé depuis l’arrivée de la gauche au pouvoir (en novembre) de desserrer l’étau de l’austérité économique. L’exécutif européen a ainsi accordé à l’Espagne et au Portugal une année supplémentaire pour ramener leur déficit public sous la barre des 3 % du PIB : 2016 pour le Portugal et 2017 pour l’Espagne.
Pour 2015, l’Espagne affiche un déficit public de 5,1 %, alors que l’objectif initialement fixé était de ne pas dépasser les 4,2 % du PIB. Quant à 2016, ce serait, selon le même engagement, 2,8 % de déficit (sous la barre des fameux 3 %). Mais selon les dernières estimations bruxelloises, le déficit devrait s’établir à 3,9 %. Pour le Portugal, l’engagement pour 2015 était fixé à moins de 3 % alors que le pays devrait annoncer un déficit public d’environ 4,4 %.