Mauvaise passe pour Hillary Clinton. Alors que son avance sur son rival démocrate Bernie Sanders pour la primaire du 7 juin en Californie fond à vue d'œil (46 % contre 44 % selon un récent sondage) et que, côté républicain, le favori Donald Trump l'accuse d'avoir couvert les frasques sexuelles de son mari par «opportunisme», la voilà fragilisée dans le scandale politique qui empoisonne sa campagne depuis dix-huit mois : celui de son usage d'un serveur privé pour ses mails lorsqu'elle pilotait la diplomatie américaine, de 2009 à 2013. Mercredi, le Congrès a rendu public un rapport au vitriol de l'inspecteur général du Département d'Etat, organe administratif indépendant. Cet audit épingle les pratiques de tous les chefs de la diplomatie américaine depuis les années 2000 - de Colin Powell à John Kerry - en matière de communications par courriels. Mais il dénonce «des failles de longue date et systématiques liées aux communications et enregistrements électroniques», du temps où Hillary Clinton était au gouvernement. Non seulement la démocrate a refusé de s'expliquer avec l'inspecteur général, mais, à l'époque où elle était aux manettes, lorsque certains de ses collaborateurs avait fait part de leur inquiétudes, consigne leur avait été donnée de «ne plus parler du système de mails personnels de la ministre».
Après avoir affirmé pendant des mois avoir eu recours à cette adresse privée par convenance personnelle et s'être dite prête à coopérer avec les enquêteurs, Clinton se retrouve donc fragilisée. Certes, «rien ne prouve que le serveur de la secrétaire d'Etat ait été violé», a répliqué le porte-parole de la candidate. Mais on est loin de la volonté de transparence et de coopération affichée par la toujours favorite pour la désignation démocrate. Qui pourrait en outre être prochainement entendue par le FBI dans cette affaire. «Hillary l'escroc, Hillary l'escroc», a canardé Trump lors d'un meeting à Anaheim (Californie). Conclusion du New York Times, cet audit tape là où ça fait mal : «Les électeurs ne lui font pas confiance». Aïe aïe aïe.