La tentation est grande d'accabler Barack Obama pour son inaction sur la scène internationale, notamment au Moyen-Orient. Il aurait pu, en 2013, intervenir militairement contre le régime de Bachar al-Assad qui venait de dépasser la ligne rouge en utilisant l'arme chimique contre son propre peuple. Il aurait pu menacer le Premier ministre israélien de couper l'aide militaire accordée chaque année à Israël s'il ne mettait pas un terme à la colonisation des territoires palestiniens. Il aurait pu se montrer plus ferme vis-à-vis de Poutine quand le président russe a lancé ses hommes sur l'Ukraine. Il aurait pu faire tout cela mais il ne l'a pas fait. Est-ce une marque de faiblesse ? La réponse apparaît en filigrane dans le long entretien que le président américain a accordé en mars à la revue The Atlantic et elle est très intéressante. On y découvre qu'Obama a une vraie doctrine en matière de politique étrangère et qu'il ne décide pas au doigt mouillé. Après la désastreuse campagne d'Irak de Bush junior, il est hanté par les ravages de l'ingérence à tout-va, persuadé que chaque intervention occidentale au Moyen-Orient s'est terminée par un drame, ce qui n'est pas faux, et qu'il revient à ces pays eux-mêmes de régler leurs différends. Il refuse surtout d'être l'esclave de tous ces stratèges et militaires américains qui n'attendent qu'une occasion pour le pousser à intervenir (même s'il s'absout là un peu facilement de ces assassinats ciblés par drones qui ont fait des ravages, en Afghanistan notamment, durant ses deux mandats). La plus grande satisfaction d'Obama aujourd'hui, c'est d'avoir remis dans le jeu international des pays qui en avaient été exclus, tels l'Iran et Cuba. Et aussi de reconnaître les erreurs passées. En se rendant à Hiroshima, le président américain est dans la droite ligne de sa stratégie. Il n'est pas actif, il solde le passif.
EDITORIAL
Droite ligne
publié le 26 mai 2016 à 19h41
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