Menu
Libération

La question raciale devant la justice

ParFrédéric Autran
(à New York)
Publié le 27/05/2016 à 19h51

Bavures policières, failles judiciaires : pas une semaine ne passe aux Etats-Unis sans que la question raciale ne resurgisse dans l’actualité. Il faut dire que les médias scrutent le dossier à la loupe depuis la mort de Trayvon Martin, en 2012 et, surtout, celle de Michael Brown en 2014. Ces derniers jours, deux décisions de justice ont retenu l’attention. A Washington d’abord, la Cour suprême a conclu qu’en 1987, un jury de douze Blancs qui avait condamné à mort un Noir de 19 ans avait été délibérément choisi par les procureurs sur critères raciaux. La Cour ne se prononce pas sur la culpabilité de Timothy Foster, mais elle ouvre la voie à un nouveau procès. L’arrêt illustre en outre un problème persistant : la sous-représentativité des Américains noirs et hispaniques, jugés plus méfiants vis-à-vis du système, dans les jurys populaires. A Baltimore, ensuite, l’un des policiers jugés dans l’affaire Freddie Gray a été acquitté. Il y a un an, ce Noir de 25 ans était décédé des suites d’une fracture des cervicales subie au cours de son interpellation. Sa mort avait déclenché émeutes et pillages. Cinq autres agents doivent être jugés d’ici à octobre, dont le chauffeur du fourgon où Gray, transporté volontairement sans ceinture de sécurité, aurait subi sa blessure fatale. Très attendus, ces procès répondront à cette terrible question : aujourd’hui, en Amérique, un jeune Noir arrêté sans motif et sans arme peut-il mourir aux mains de la police sans que personne n’ait de comptes à rendre ? A San Francisco, enfin, le chef de la police a démissionné la semaine dernière sous la pression du maire, après la mort d’une femme noire, abattue par un officier. La victime de 27 ans a reçu une balle après avoir refusé d’arrêter son véhicule volé. Le drame est survenu dans un contexte très tendu, après la mort d’un Noir de 26 ans, en décembre, et d’un sans-abri latino, en avril, tous deux abattus par la police.