Son équipe de campagne avait promis un «discours majeur» sur la «menace» Donald Trump. Et jeudi, à San Diego (Californie), Hillary Clinton s'est en effet attachée à étriller méthodiquement le candidat républicain, accusé de ne comprendre «ni l'Amérique ni le monde». Point par point, l'ancienne secrétaire d'Etat a moqué et critiqué chaque position du magnat de l'immobilier : diatribes anti-immigrants et anti-musulmans, appels à torturer les terroristes et exécuter leurs familles, discours ambigu sur la prolifération nucléaire. «Les idées de Donald Trump ne sont pas seulement différentes, elles sont dangereusement incohérentes. Ce ne sont même pas des idées, mais juste une série d'étranges vociférations, d'attaques personnelles et de mensonges éhontés», a martelé Hillary Clinton.
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Voix calme, ton posé, l'ancienne première dame a joué à fond la carte du contraste. Contraste sur le fond, mais aussi sur la forme avec un Donald Trump dépeint comme irritable, colérique, instable. Et donc incapable d'occuper la fonction de président et, surtout, de chef des armées. «On ne peut pas mettre les vies de nos jeunes hommes et femmes en uniforme entre les mains de Donald Trump», a lancé Hillary Clinton. «Ce n'est pas quelqu'un qui devrait détenir les codes nucléaires», a-t-elle ajouté, interpellant les électeurs américains : «Voulons-nous son doigt à proximité du bouton ?»
«Erreur historique»
Prononcé devant environ 200 partisans, sur une scène ornée de 19 drapeaux américains, ce discours solennel marque un tournant dans la campagne présidentielle. Jamais, auparavant, Hillary Clinton n'avait autant insisté sur le danger que représente Donald Trump et son «ignorance» des affaires du monde. «Faire de Donald Trump notre commandant en chef serait une erreur historique, a-t-elle martelé. Il n'est pas apte à occuper une fonction qui exige des connaissances, de la constance et un immense sens des responsabilités.»
Autre signe que l'ancienne secrétaire d'Etat veut ouvrir une nouvelle phase dans cette campagne : alors que les primaires ne sont pas terminées et que plusieurs Etats, dont la Californie, voteront mardi prochain, Hillary Clinton n'a pas dit un mot sur son rival démocrate Bernie Sanders. Comme si le sénateur du Vermont ne faisait déjà plus partie de l'équation. Vexé d'être ainsi oublié, «Bernie» a adressé une pique cassante à son adversaire : «Je suis d'accord avec la secrétaire d'Etat Clinton sur le fait que les idées de Donald Trump en matière de politique étrangère sont incroyablement imprudentes et irresponsables», a-t-il d'abord souligné dans un communiqué. Avant d'ajouter, cinglant : «Mais quand il s'agit de politique étrangère, nous ne pouvons pas oublier qu'Hillary Clinton a voté pour la guerre en Irak, la pire bavure diplomatique de l'histoire contemporaine américaine».
Donald Trump, lui, n'a pas cherché à défendre ses positions politiques. Comme à son habitude, le milliardaire a préféré répondre par une attaque personnelle sur Twitter : «Mauvaise performance de Hillary la malhonnête. Elle lisait maladroitement son téléprompteur. Elle n'a même pas l'air présidentielle.»