Vous n'avez pas tout suivi, voire rien du tout, des courses à l'investiture républicaine et démocrate ces derniers temps ? Chaque semaine, Libération fait le point sur la campagne.
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La course
Cette fois, c’est la fin
Démarrée le 1er février dans l'Iowa, la longue campagne des primaires américaines s'achève ce mardi 7 juin. Les Etats qui n'ont pas encore voté, en premier lieu la Californie, mais aussi le Dakota du Sud, le Montana, le New Jersey et le Nouveau Mexique (et le Dakota du Nord dans les seuls rangs démocrates) organisent des scrutins à très faible enjeu, puisque les désignations de Donald Trump et d'Hillary Clinton ne font plus de doute depuis maintenant plusieurs semaines. Ce sera simplement l'occasion pour le milliardaire new-yorkais de franchir de façon certaine la barre des 1 237 délégués républicains, lui assurant une majorité absolue à la convention de juillet, et pour Bernie Sanders, toujours en course face à Clinton, de mesurer son poids politique à un gros mois de la convention démocrate.
Up
Donald Trump reçoit le soutien important de Paul Ryan…
Le parti républicain retrouverait-il un semblant d'unité ? En tout cas, après des mois de déchirements autour du cas Trump, un de ses membres les plus importants vient de prendre une décision propice à l'unité. Paul Ryan, le président de la Chambre des représentants (l'équivalent de l'Assemblée nationale), a en effet annoncé qu'il voterait pour Donald Trump en novembre, après avoir laissé planer le doute depuis plusieurs semaines, et n'avoir jamais caché son aversion envers le milliardaire américain au cours des primaires.
I'll be voting for @realDonaldTrump this fall. I'm confident he will help turn the House GOP's agenda into laws. https://t.co/LyaT16khJw
— Paul Ryan (@PRyan) June 2, 2016
Une annonce que Donald Trump s’est évidemment empressé de saluer :
Down
…mais se fait pourrir par Hillary Clinton
Malmenée depuis des mois par Bernie Sanders dans le cadre des primaires démocrates, Hillary Clinton a choisi depuis quelque temps de ne plus répondre au sénateur du Vermont et de se concentrer sur son futur adversaire de la présidentielle, dont elle s'est payé la tête toute la semaine. Après l'avoir qualifié d'«arnaque» à la suite de révélations sur les méthodes peu scrupuleuses de la Trump University, elle l'a méticuleusement mis en pièces dans un discours prononcé à San Diego, en Californie. Comme le détaille notre correspondant aux Etats-Unis, Frédéric Autran, la candidate démocrate s'est efforcée de mettre en lumière les nombreuses incohérences des différentes positions du milliardaire, notamment en matière de politique étrangère et de sécurité. «Ce ne sont même pas des idées, mais juste une série d'étranges vociférations, d'attaques personnelles et de mensonges éhontés», a-t-elle jugé, avant de lâcher, à propos de l'arme nucléaire : «Voulons-nous son doigt à proximité du bouton ?»
Donald Trump is not someone who should ever have the nuclear codes.https://t.co/2NLg1HbUx3
— Hillary Clinton (@HillaryClinton) June 2, 2016
La phrase
Est-ce la fatigue qui parle, à quelques jours de la dernière grosse primaire démocrate ? En tout cas, cette phrase un peu obscure de Bernie Sanders a été abondamment reprise dans les médias. «La Californie, c'est la grosse enchilada, pour ainsi dire. Evidemment, c'est énormément important, et évidemment, nous voulons la gagner. Mais laissez-moi vous dire une chose. Vous savez, ma campagne a été considérée comme perdue depuis avant qu'on ne la commence», a dit le sénateur du Vermont fin mai. Sachant que les enchiladas sont des tortillas roulées et noyées dans la sauce et le fromage, on ne sait pas trop comment les Californiens doivent le prendre…
Le chiffre
38% et 42%
C'est le pourcentage d'Américains qui n'ont quasiment aucune confiance dans les systèmes de primaires démocrate et républicain, selon un récent sondage Associated Press-NORC Center for Public Affairs Research. Et seulement quatre Américains sur dix ont confiance dans le processus de nomination de chaque parti. L'étude montre en outre que les citoyens sont plus favorables aux primaires ouvertes qu'à celles réservées aux membres des partis (69% contre 29%), surtout parmi les sondés démocrates, préfèrent les primaires aux caucus (81% contre 17%) et sont défavorables au système des superdélégués, non élus mais puissants, chez les démocrates. Les partisans de Bernie Sanders sont particulièrement virulents contre le système des superdélégués ; la plupart de ces derniers ayant pris position pour Hillary Clinton.
Ces modifications potentielles du système des primaires pourraient être discutées, par exemple lors des conventions nationales cet été. Déjà la semaine dernière, on vous racontait que l'Iowa pourrait ne plus être le premier Etat à voter lors des prochaines primaires (dans quatre ou huit ans). Premier signe du changement ?
L’Etat
La Californiiiiiiie
Ils l'arpentent tous depuis plusieurs semaines maintenant, conscients de l'enjeu qu'elle représente : Donald Trump, Bernie Sanders et Hillary Clinton n'ont d'yeux que pour la Californie, qui vote ce mardi 7 juin. Ce n'est pas le seul Etat dans ce cas, mais c'est de loin le mieux doté, tous Etats confondus, avec 169 délégués républicains (7% du total) et 475 délégués démocrates (10%). Et ce n'est pas parce que les victoires finales de Trump et Clinton sont acquises qu'il n'y a plus du tout d'enjeu : chez les démocrates notamment, où Bernie Sanders rêve de battre l'ancienne secrétaire d'Etat afin d'arriver en position de force à la convention de juillet et de peser sur la ligne politique de la campagne présidentielle, qui s'enclenchera ensuite jusqu'au scrutin de novembre. Le sénateur du Vermont réussira-t-il son pari ? Alors que les sondages donnent Clinton vainqueure depuis des mois dans le Golden State, les dernières enquêtes montrent un resserrement entre les deux candidats… Qu'en pense Julien Clerc ?
Et pendant ce temps-là, Obama…
Barack Obama enchaîne en ce moment une série de «derniers» : dernier discours sur l'état de l'union, dernier discours au dîner des correspondants de la Maison Blanche, dernière grâce de dinde à venir cet automne… C'est l'heure des adieux, et des bilans. Ce que le président a combiné le 1er juin, dans son discours d'ouverture du LGBT Pride Month (mois de la fierté lesbienne, gay, bisexuelle et transexuelle). Et il est plutôt bon, sur le plan des droits des personnes LGBT. Légalisation de fait du mariage des couples homos dans tout le pays (avec la déclaration par la Cour suprême que le contraire était anticonstitutionnel, en juin 2015), passage d'un décret anti-discrimination au travail en 2014, remise en cause du «don't ask don't tell» d'usage dans l'armée… Et d'en remettre une couche : «J'exhorte le Congrès à légiférer pour poursuivre les progrès accomplis, car personne ne devrait vivre dans la peur de perdre son travail à cause de qui il/elle est, ou de qui il/elle aime.» Vous pouvez lire son discours, intégralement et en anglais, ici.
(To be continued…)