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Pandémie

Une réunion de l'ONU pour «éradiquer» le sida d'ici 2030

A partir de mercredi, les Nations unies se réunissent pour renouveler la stratégie mondiale de lutte contre le virus. Objectif : sa disparition d'ici les quinze prochaines années.

Les Etats membres se réunissent à partir de mercredi et jusqu'à vendredi. (Photo Lakruwan Wanniarachchi. AFP)
Publié le 07/06/2016 à 17h05

En finir avec le sida, un vœu pieux ? Avec l'arrivée des traitements et des nouveaux outils de prévention, cet objectif n'est plus tout à fait irréaliste, au point que l'ONU – qui adore les grandes déclarations – s'en est fait l'avocat. A partir de mercredi, et jusqu'à vendredi, tous les Etats membres sont ainsi invités au siège des Nations unies à New York «pour renouveler la stratégie mondiale de lutte contre le VIH afin de parvenir à éradiquer l'épidémie d'ici à 2030».

Au-delà de la grandiloquence, c'est un rendez-vous important : il marque le maintien d'une priorité mondiale. De fait, cet objectif d'éradiquer le sida avant 2030 n'est pas nouveau, il est l'un des engagements pris par les Etats dans le cadre des «objectifs de développement durable» adoptés à l'Assemblée générale des Nations Unies de 2015. L'ONU s'était alors donné des buts intermédiaires pour 2020, comme «faire passer les nouvelles infections et les décès en dessous du demi-million par an», mais aussi «éliminer les discriminations liées au sida». Bref, la machine était lancée. Et pendant plus de dix ans, des progrès spectaculaires ont été réalisés : 17 millions de malades du sida à travers le monde ont été mis sous traitement, un chiffre important, même si quelque 20 millions de personnes continuent à ne pas en bénéficier.

«Il manque 7 milliards de dollars par an»

«C'est maintenant que les dirigeants de la planète disposent d'une fenêtre d'opportunité pour briser la propagation du virus», notent les responsables de l'association internationale Coalition Plus. «Le coût pour éliminer le sida d'ici 2030 ? Il manque 7 milliards de dollars [6,17 milliards d'euros, ndlr] par an. C'est beaucoup, mais cela permettra non seulement d'acheter davantage de médicaments et d'embaucher plus de soignants mais aussi de développer des programmes spécifiques permettant d'amener vers le soin les personnes discriminées et exclues, en particulier les hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes, les travailleurs du sexe et les usagers de drogues injectables.»

Lors d'un rapport en avril dernier, le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-Moon, avait insisté sur ce constat, disant en substance que si l'on ne trouvait pas ces 7 milliards de dollars, l'épidémie de VIH regagnerait du terrain. «Si nous acceptons le statu quo et si nous en restons là, l'épidémie reprendra de plus belle dans plusieurs pays à revenu faible ou intermédiaire. Les investissements considérables que nous avons engagés et le plus grand mouvement que l'humanité ait connu pour défendre le droit à la santé auront été vains.» D'où l'importance de cette réunion pour maintenir en haut des priorités la lutte contre le sida. «C'est un moment unique de notre histoire, a rappelé en début de semaine l'ONU-sida. Assurer la réussite de ces objectifs, notamment en ce qui concerne la fin de l'épidémie de sida, nécessitera une solidarité et un partenariat à l'échelle mondiale, surtout en ces temps où les défis internationaux sont divers et exigeant.» 

«Cœur de la riposte»

Lors de cette assemblée à New York – lors de laquelle la ministre de la Santé, Marisol Touraine, sera présente – une déclaration solennelle doit être adoptée. Certains activistes (Aides, Coalition Plus) se montrent inquiets de la tonalité du texte, dénonçant un appel qui ne fait pas référence aux populations les plus exposées (gays, toxicos, prostituées). «Nous demandons que la France brise le silence et propose des amendements à la déclaration afin que ces populations clés, les plus vulnérables à l'épidémie, soient au cœur de la riposte.» En filigrane, cet enseignement, apporté par trente ans de lutte contre le sida : il faut nommer les choses si l'on ne veut pas se tromper de route.