Les médias britanniques publient tous le même article : Comment s’inscrire pour pouvoir voter au référendum ? Le 23 juin, les électeurs se rendront aux urnes pour voter pour ou contre la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne. Mais pour faire entendre leur voix, ils doivent d’abord s’enregistrer sur une plateforme numérique pour être inscrits sur les listes électorales. La limite d’enregistrement sur le site était fixée à mardi, 23 h 59. Et les électeurs ont attendu le dernier moment, provoquant une panne du site les empêchant d’aller au bout de l’enregistrement. Au total, un demi-million de personnes se sont connectées en même temps. Parmi les retardataires, une majorité de jeunes entre 18 et 34 ans.
Mercredi matin, Jeremy Corbyn, chef du Parti travailliste et anti-Brexit, et des députés ont appelé à une prolongation de la période d'inscription. «On me dit que le site était planté, empêchant les gens de s'inscrire pour voter pour le référendum sur l'UE. Si c'est le cas, l'échéance doit être repoussée», a-t-il écrit sur Twitter. Pour les partisans de l'UE, l'absence du vote des jeunes pourrait être dramatique. Les intentions de vote tendent à ce que les jeunes votent contre le Brexit et les seniors pour. Quelque 61 % des 18-25 ans souhaitent rester dans l'UE, selon un sondage YouGov, contre seulement 53 % chez les personnes âgées de 50 à 64 ans. Mais les jeunes sont réticents à l'idée d'aller voter et seule la moitié des 18-34 ans se dit prête à se déplacer.
D'après Sarah Pickard, maître de conférences en civilisation britannique à la Sorbonne et spécialiste de la participation politique des jeunes, leur vote est primordial : «Aujourd'hui, selon les sondages d'opinion, les deux camps sont coude à coude, explique-t-elle, contactée par Libération.Il suffit que 1 % de plus des 18-25 ans vote pour que le non au Brexit l'emporte.»
Au début de la campagne, environ 7,5 millions d'électeurs devaient se rendre sur le site, mais à la mi-mai, seuls 1,5 million avaient rempli le formulaire. En réaction, les campagnes de sensibilisation se sont multipliées. L'association Bite the Ballot milite pour inciter les jeunes à se rendre aux urnes et mène de nombreuses campagnes de sensibilisation sur les réseaux sociaux. «Au Royaume-Uni, les enfants ne reçoivent pas assez de cours d'éducation politique», explique à Libération Edith Whitehead, responsable de l'association. Et d'ajouter : «Les familles doivent s'en charger et certains enfants grandissent sans être sensibilisés. Arrivés en âge de voter, ils ont l'impression de ne pas faire partie du système politique.»
Le processus semble fonctionner. A la veille de la clôture des inscriptions, lundi, les électeurs se sont bousculés sur le site internet. Au total, 226 000 formulaires ont été enregistrés, selon la commission électorale, dont 150 000 par des jeunes. C'est le deuxième record d'influence du site depuis sa mise en place en 2014 après les élections législatives de 2015, où 469 000 personnes s'étaient inscrites au dernier moment. Normalement, avec un numéro de passeport et de sécurité sociale et cinq minutes de temps libre, le tour est joué. Selon Sarah Pickard, c'est pourtant dès cette étape que des jeunes abandonnent. «Ils n'ont pas leur numéro de sécurité sociale sur eux et ils laissent tomber le processus. C'est le cas de la majorité de jeunes qui commencent à s'inscrire.»
Simon Wilkinson, lui, est bien décidé à faire entendre sa voix. «Nous réglerons mieux les problèmes de l'UE en restant qu'en partant», assène l'étudiant en aérospatial. A 27 ans, il ne s'est jamais engagé en politique mais s'est promis de ne jamais manquer une élection. «En Ecosse, 70 % des jeunes ont voté au référendum sur l'indépendance ! Les autres vont finir par se réveiller.»