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Brexit : les jeunes pourraient faire pencher la balance… s'ils votent

Alors que la date du référendum, le 23 juin, se rapproche à grands pas et que les camps du «in» et du «out» sont au coude à coude, les électeurs traînent à s'enregistrer sur les listes électorales, notamment les 18-34 ans.
Le référendum sur la sortie de l'Union européenne est prévu le 23 juin prochain. (Photo Marcus Møller Bitsch pour Libération)
publié le 8 juin 2016 à 7h17

Les médias britanniques publient tous le même article : Comment s'inscrire pour pouvoir voter au référendum ? Le 23 juin, les électeurs britanniques se rendront aux urnes pour voter pour ou contre la sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne. Mais pour faire entendre leur voix, ils doivent d'abord s'enregistrer sur une plateforme numérique pour être inscrits sur les listes électorales. La limite d'enregistrement sur le  site était fixée à mardi, 23h59. Et les électeurs ont attendu le dernier moment provoquant une panne du site et les empêchant d'aller au bout de l'enregistrement. Au total, un demi million de personnes se sont connectées en même temps. Parmi les retardataires, une majorité de jeunes entre 18 et 34 ans.

Mercredi matin, le chef du parti travailliste Jeremy Corbyn, contre le Brexit, et des députés ont appelé à une prolongation de la période d'inscription. «On me dit que le site gov.uk/register-to-vote était planté, empêchant les gens de s'inscrire pour voter pour le référendum sur l'UE. Si c'est le cas, l'échéance doit être repoussée», a t-il écrit sur Twitter.

A lire aussi, le dernier article de notre chronique «Brexit or not ?» Les «Brexiters» retrouvent le sourire

Pour les partisans de l'UE, l'absence du vote des jeunes, souvent hostiles au Brexit, pourrait être dramatique. Les intentions de vote tendent à ce que les jeunes votent contre le Brexit et les seniors pour. 61 % des 18-25 ans souhaitent rester dans l'Union européenne, selon un sondage YouGov, contre 53 % chez les personnes âgées de 50 à 64 ans.

«Il suffit que 1 % de plus des 18-25 ans vote pour que le non au Brexit l’emporte» 

Mais les jeunes sont réticents à l'idée d'aller voter et seule la moitié des 18-34 ans se dit prête à se déplacer. D'après Sarah Pickard, maître de conférences en civilisation britannique à la Sorbonne et spécialiste de la participation politique des jeunes, leur vote est primordial : «Aujourd'hui, selon les sondages d'opinion, les deux camps sont coude à coude, explique-t-elle, contactée par Libération. Il suffit que 1 % de plus des 18-25 ans vote pour que le non au Brexit l'emporte.»

Pauline Gordon a beau s'affirmer contre le Brexit, elle ne s'est pas inscrite pour aller voter le 23 juin. «Je me considère vraiment européenne, explique cette Franco-Britannique de 20 ans, étudiante en psychologie à Londres. Je ne suis pas fière de manquer le référendum. Mais je serai en voyage et je n'ai pas eu le réflexe d'aller faire une procuration.»

Au début de la campagne, environ 7,5 millions d'électeurs devaient se rendre sur le site et, mi-mai, seuls 1,5 million avaient rempli le formulaire. En réaction, les campagnes de sensibilisation se sont multipliées. L'association Bite the Ballot milite pour inciter les jeunes à se rendre aux urnes et mène de nombreuses campagnes de sensibilisation sur les réseaux sociaux. «Au Royaume-Uni, les enfants ne reçoivent pas assez de cours d'éducation politique», explique à Libération Edith Whitehead, responsable de l'association. Et d'ajouter : «Les familles doivent s'en charger et certains enfants grandissent sans être sensibilisés. Arrivés en âge de voter, ils ont l'impression de ne pas faire partie du système politique.»

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Un record de fréquentation

Le processus semble fonctionner. A la veille de la clôture des inscriptions, lundi, les électeurs se sont bousculés sur le site internet. Au total, 226 000 formulaires ont été enregistrés, selon la commission électorale, dont 150 000 par des jeunes. C'est le deuxième record d'influence du site depuis sa mise en place en 2014 après les élections législatives de 2015, où 469 000 personnes s'étaient inscrites au dernier moment. Normalement, un numéro de passeport et de sécurité sociale, cinq minutes de temps libre, et le tour est joué. Selon Sarah Pickard, c'est pourtant dès cette étape que des jeunes abandonnent. «Ils n'ont pas leur numéro de sécurité sociale sur eux et ils laissent tomber le processus. C'est le cas de la majorité de jeunes qui commencent s'inscrire.»

Simon Wilkinson, lui, est bien décidé à faire entendre sa voix. «Nous réglerons mieux les problèmes de l'Union européenne en restant qu'en partant», assène l'étudiant en aérospatial. Le jeune de 27 ans ne s'est jamais engagé en politique mais il s'est promis de ne jamais manquer une élection. «En Ecosse, 70 % des jeunes ont voté au référendum sur l'indépendance ! Les autres vont finir par se réveiller».