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Libération

L’Angleterre entre blâme et fatalisme

Malgré les efforts des Britanniques pour prévenir les risques, les violences de samedi n’ont surpris personne outre-Manche.
publié le 12 juin 2016 à 20h31

Que faire lorsque votre réputation vous précède ? «Retour aux heures sombres», «Ecœurant», «Honte sur Marseille» : si la presse britannique a tenté de minimiser le rôle des supporteurs anglais dans les violences de samedi, c'est à peine et sans forcer. Le fantôme des émeutes de 1998, à Marseille déjà, est bien trop présent.

L'équipe d'Angleterre a non seulement raté son entrée dans l'Euro avec son nul face à la Russie, mais ses fans se sont une fois de plus distingués hors du stade. Même si le directeur de la Fédération des supporteurs de football, Kevin Miles, a évoqué une «toute petite minorité», la menace de disqualification par l'UEFA en cas de nouvelles violences n'a entraîné qu'un soupir fataliste tant elle était attendue. La déclaration a même été saluée par Downing Street, qui s'est dit «très préoccupé» par les violences. La ministre de l'Intérieur, Theresa May, s'est entretenue avec son homologue français, Bernard Cazeneuve, et a offert d'«envoyer des renforts policiers pour le prochain match» des Anglais, jeudi à Lens. «Quel que soit le blâme porté sur les "agents provocateurs" russes ou français, le rôle joué par des douzaines de supporteurs anglais ne peut pas être ignoré», note le Sunday Telegraph, signalant l'état très alcoolisé de la plupart des protagonistes.

A la lumière des événements de samedi, les efforts considérables ces dernières années pour lutter contre le hooliganisme anglais semblent vains. En vue de l'Euro, pour lequel plus de 400 000 supporteurs anglais ou gallois ont décidé de traverser la Manche, avec ou sans billet, des mesures drastiques avaient pourtant été prises. La police britannique avait ainsi interdit de voyage 1 841 supporteurs anglais et 86 gallois, et des contrôles avaient été renforcés dans les ports outre-Manche. La presse évoque «de graves lacunes de sécurité» dans le Vélodrome, avec des supporteurs russes capables d'introduire des fumigènes, avant de s'attaquer à des Anglais en fin de match. Pourtant, souligne The Observer, il est «peut-être temps que le large contingent de supporteurs anglais soit honnête avec le fait que coloniser une zone, l'inonder de drapeaux anglais et beugler d'un ton agressif et imbibé de bière "No Surrender to the IRA", "Ten German Bombers", "If it wasn't for the English you'd be Krauts" [sans les Anglais vous seriez teutons, ndlr] et "Fuck off Europe, we're all voting out", représente en soi un acte d'agression».