Tués parce qu'ils étaient libres… Le carnage d'Orlando, au-delà de la compassion fraternelle qu'on ressent pour les victimes, frappe au cœur une communauté qui est l'amie de la tolérance, de la dignité et du droit égal pour tous. Toujours la même cible : la liberté… Cette liberté pour laquelle les homosexuels, tout au long de l'histoire, ont payé un prix exorbitant, martyrs à répétition d'une cause qui n'est pas seulement la leur, mais celle de tous les hommes et de toutes les femmes persécutés parce qu'ils sont différents, persécutés non pour ce qu'ils font mais pour ce qu'ils sont. Après les journalistes de Charlie, tués parce qu'ils étaient insolents, les Français juifs de l'Hyper Cacher, tués pour leur religion, les victimes du 13 Novembre, assassinées pour leur mode de vie, voici la communauté LGBT, coupable de vouloir vivre sans avoir peur, visée à son tour.
Bien sûr, la tuerie d’Orlando découle de circonstances particulières. L’instabilité psychologique d’un homme, la facilité avec laquelle on peut se procurer des armes de guerre aux Etats-Unis, la culture de la violence plus prégnante dans cette grande démocratie que dans la plupart des autres, ont joué leur rôle. Mais ce sont là facteurs généraux, qui ne sauraient rendre compte à eux seuls de la causalité à l’œuvre dans la plus grande tuerie de l’histoire américaine récente. L’assassin du Pulse s’est réclamé de l’Etat islamique en Irak, qui s’est empressé de le reconnaître comme l’un des siens. Et parmi les nombreux clubs ouverts de soir-là, Omar Mateen a choisi le Pulse, connu dans tout l’Etat comme un lieu LGBT, engagé depuis sa fondation en faveur de la cause homosexuelle. Difficile de croire que ce choix puisse être le fait du hasard… Le califat criminel dont il se réclame s’est distingué régulièrement par la cruauté barbare dont il fait preuve à l’égard des homosexuels. Il ne fait d’ailleurs, en portant l’inhumanité à un degré supérieur, que prolonger les pratiques déjà courantes chez tous les intégristes musulmans au pouvoir à travers le monde et qui appliquent de manière sanglante leur version dogmatique de la loi islamique. Sur les sept pays de la planète qui prévoient la peine de mort pour les homosexuels, sept sont musulmans, gouvernés par la charia, même si la répression homophobe n’est pas le monopole de l’islam.
La plupart des musulmans, bien sûr, à l’inverse de ce que dit Donald Trump, condamnent ces actes moyenâgeux. Et les autres religions ont, elles aussi, au fil de leur histoire, diffusé à loisir une hostilité plus ou moins violente envers les homosexuels, ce qui devrait faire réfléchir ceux qui veulent à toute force les imposer dans l’espace public. Mais justement : par cercles concentriques, du plus anodin au plus criminel, le même préjugé ancestral est à l’œuvre. Traditionnelle ou religieuse, populaire ou théologique, l’homophobie est une discrimination toujours aussi dangereuse. Captée par les fanatiques, elle devient criminelle. Tel est le sens de la juste colère arc-en-ciel.