Peu de chiffres existent pour documenter les violences commises contre des homosexuels ou transgenres, dans le monde comme aux Etats-Unis. La tuerie dans un club gay d'Orlando (Floride) du 12 juin a fait au moins 49 victimes. Elles s'amusaient au Pulse, décrit par Barack Obama comme «plus qu'une boîte de nuit», évoquant un «lieu de solidarité, d'engagement et d'autonomisation». «C'est un triste jour pour tous nos amis, nos compatriotes, qui sont lesbiennes, gays, bisexuels ou transgenres», a-t-il ajouté.
Les bars gays – lieux sécurisés où LGBTQI (pour lesbiennes, gays, bisexuels, transgenres, queers et intersexués) peuvent se retrouver sans crainte de regards réprobateurs ou actes violents – ont été régulièrement la cible d'attaques. En 1973, l'attaque la plus meurtrière, avant celle contre le Pulse, a fait 32 morts. Un incendie criminel s'est déclaré dans un bar gay du Vieux carré français, à la Nouvelle-Orléans. Le coupable n'a jamais été retrouvé, et l'affaire fut classée en 1980.
Entre janvier 2013 et mars 2014, l'Organisation pour les états américains avait comptabilisé près de 30 morts – principalement des hommes homosexuels ou des femmes transgenres – aux Etats-Unis, soulignant à l'époque le manque de comptabilisation officielle des crimes homophobes. 27 actes de violence étaient également compilés, faisant le même type de victimes.
La Coalition nationale des programmes anti-violence (NCAVP) avait de son côté compté 20 meurtres en 2014 et 18 en 2013. Là encore, leur comptabilité concerne principalement des hommes homosexuels ou des femmes transgenres. Principales victimes, 80% des homicides concernent des personnes non-blanches et les femmes transgenres non-blanches représentent la moitié des décès. Samedi soir au Pulse, c'était la nuit «Latino», réunissant de nombreux hispaniques homosexuels, notamment de Porto-Rico, dont les noms s'égrènent dans la liste établie par la ville d'Orlando.
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Car la tuerie d'Orlando, comme de nombreux crimes homophobes ou transphobes, s'inscrit à l'intersection de plusieurs identités. Selon Remezcla, «les médias n'ont pas suffisamment dit que cette attaque ciblait les communautés des gays non-blancs». La vulnérabilité s'aditionnent avec ces identités qui se cumulent. De la même manière, explique Philip Lite, chercheur spécialisé dans les questions de violence et de religion, il faut envisager les crimes du Pulse comme l'intersection de plusieurs causes.
«L'intersectionalité a certainement à voir avec ce crime, analyse Philip Lite, mais elle joue aussi un rôle dans notre analyse de la manière dont les faits sont racontés et décryptés dans les médias, les prises de paroles politiques, les médias sociaux et les différentes discussions à propos de cette tuerie. [...] En regardant la tuerie d'Orlando comme une intersectionalité de violences, on doit reconnaître l'hybridation de tous ses marqueurs», citant le terrorisme islamique, l'homophobie, la forte présence d'hispanique ou encore les témoignages concernant l'instabilité mentale du suspect. Chacune de ses explications doit être vue en articulation avec les autres, et chacune ne doit pas faire oublier les autres, conclut-il.