Entre 1966 et 2012, les Etats-Unis ont connu 90 meurtres de masse. On parle de «mass shooting» dès lors que trois personnes, ou plus, sont tuées, en excluant les règlements de comptes entre gangs et les meurtres de membres de la même famille.
C'est une étude publiée en janvier qui a décortiqué les chiffres sur 171 pays. Outre la fusillade d'Orlando, la plus importante tuerie de masse du pays, d'autres ont marqué l'histoire comme en 2012, à Aurora dans un cinéma du Colorado, ou à l'école élémentaire de Newton dans le Connecticut. Et encore, ces données ne tiennent pas compte des quatre dernières années, où le phénomène s'est accéléré.
Avec ces 90 meurtres de masse, les Etats-Unis ont connu un tiers des 292 attaques mondiales de la sorte sur les cinquante dernières années.
Plus courantes, mais moins meurtrières ?
L'étude d'Adam Lankford, professeur-chercheur en justice criminelle à l'université de l'Alabama, est révélatrice de plusieurs points communs concernant ces «mass shooting» : les Américains ont plus de chance d'être victimes de ces attaques lorsqu'ils sont au travail ou à l'école. Mais être proche d'installations militaires augmente également les risques.
Particularité américaine, le tireur possède souvent plus d'une arme alors que dans le reste du monde, il n'en possède qu'une seule. Cependant, le nombre de victimes par attaque est moins important aux Etats-Unis que dans les autres pays.
Comment peut-on l’expliquer ?
Plusieurs chercheurs ont établi des théories afin d'expliquer le comportement de ce type de tireurs. Si la maladie mentale est très souvent évoquée, les scientifiques vont plus loin en évoquant la pression que ressentent les personnes impliquées dans ces meurtres, mais aussi la volonté de contrôle ou encore l'isolement.
Au sein d'une organisation terroriste comme l'Etat islamique, les tireurs seraient à la recherche de reconnaissance. Interrogé par CNN, Adam Lankford note la présence d'une sorte de compétition : outre le fait de faire un maximum de morts et d'être célèbre, l'objectif consisterait à trouver un moyen «innovant» de tuer. Mais c'est aussi par un désir de célébrité que seraient commis ces actes. «La couverture médiatique est forcément à prendre en compte», soulève à nouveau Adam Lankford. Et dans le même désir de gloire, le phénomène d'imitation serait plus fort aux États-Unis. La faute également à la facilité d'obtenir une arme à feu dans ce pays, souligne Adam Lankford. Entre 270 et 310 millions d'armes seraient en circulation pour 320 millions d'habitants environ.
Les hypothèses surprenantes
Une autre étude évoque le potentiel caractère contagieux des attaques de masse. Une tuerie augmenterait les chances que d'autres s'en produisent dans les treize jours suivants. De la même manière, certains chercheurs de l'université d'Harvard ont également travaillé sur l'existence d'un potentiel cycle concernant les attaques publiques. Entre 2011 et 2014, un «mass shooting» aurait eu lieu tous les 64 jours.
Enfin, Adam Lankford note, plus pragmatique, que le nombre important de victimes de «mass shooting» pourrait être la conséquence d’un manque de préparation de la part des forces de police, considérant ce genre d’attaques comme exceptionnelles.