Six semaines après l’exécution d’un premier citoyen canadien, les islamistes philippins d’Abou Sayyaf ont décapité lundi Robert Hall, qu’ils détenaient depuis neuf mois. Le 25 avril, selon un modus operandi quasi identique, la tête de John Risdell, ancien journaliste et consultant minier de 68 ans, avait été retrouvée près de la mairie de Jolo, l’une des places fortes du groupe fondamentaliste, l’un des organisations les plus actives et dangereuses en Asie du Sud-Est et qui a fait allégeance à l’Etat islamique en juillet 2014.
Originaire de Calgary, dans l’Alberta, Robert Hall avait, à 50 ans, choisi de changer de vie. Selon Radio Canada, il avait décidé il y a un an de tout vendre pour s’acheter un voilier et voyager. C’est d’ailleurs à bord de son bateau qu’il s’était rendu sur l’île de Samal, à plus de 1 000 kilomètres de Manille., où il avait été pris en otage le 21 septembre, en même temps que John Risdell ainsi qu’une Philippine, Marites Flor, la compagne de Hall, et que le directeur de l’hôtel et de la marina Holiday Oceanview, le Norvégien Kjartan Sekkingstad. On ne sait pas ce qu’il est advenu de ces deux derniers otages, toujours aux mains des jihadistes. Abou Sayyaf avait fixé un ultimatum pour le versement d’une rançon de 300 millions de pesos philippins (5,67 millions d’euros). Mais, comme pour John Risdell, aucune somme n’a été versée et les geôliers ont mis leurs menaces à exécution. Lundi, le Premier ministre canadien, Justin Trudeau, a réitéré son opposition au paiement de rançons aux terroristes. Depuis avril, l’armée et la police philippines étaient mobilisées, selon les autorités, pour tenter de retrouver les otages. Le Canada avait aussi dépêché des forces spéciales.
Aux prises avec Abou Sayyaf et son passif d’attaques terroristes, de prise d’otages, de racket depuis les années 90, les autorités philippines peinent à venir à bout de cette organisation qui semble retrouver des moyens et une capacité réelle de nuisance dans le Sud philippin gangrené par la pauvreté et la violence. Le prochain président, Rodrigo Duterte, qui prendra ses fonctions le 30 juin, a promis une réponse ferme.