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Libération
Récit

Qui est G4S, l'entreprise de sécurité qui employait le terroriste d'Orlando ?

Omar Mateen était employé dans une entreprise de sécurité, en charge notamment des aéroports. Déjà au cœur de plusieurs scandales, la firme est de nouveau pointée du doigt.
Des membres du staff de sécurité de l'entreprise G4S, à laquelle appartenait Omar Mateen, à Wimbledon, en juillet 2015. (Photo Leon Neal. AFP)
publié le 14 juin 2016 à 18h17

Les agents de sécurité de l'entreprise britannique G4S veillent sur les passagers des aéroports et des ports. Au total, 623 000 employés dans 110 pays du monde, dont les Etats-Unis, l'un des clients privilégiés de cette entreprise, l'une des plus importantes du secteur. Et parmi les agents de sécurité, il y avait Omar Mateen, l'auteur présumé de l'attentat d'Orlando, qui a fait au 49 morts et 53 blessés samedi dans la nuit. Répercussion immédiate : lundi matin, le groupe a enregistré une perte de 6 % en Bourse, atteignant son plus bas niveau depuis 2009.

Omar Mateen avait été employé par G4S en 2007 comme agent de sécurité dans une résidence située dans le sud de la Floride. Selon un communiqué de l'entreprise, «il avait répondu à plusieurs séries de questions en 2007, au moment de son embauche, puis à une seconde, en 2013». Ses expériences professionnelles et son casier judiciaire avaient aussi été passés au crible. Rien ne laissait présager ses actions futures. L'Etat de Floride a lui-même octroyé une licence l'autorisant à avoir une arme, document nécessaire à son travail.

Pourtant, en 2013, l'homme d'origine afghane est interrogé par le FBI pour avoir tenu des propos radicaux sur son lieu de travail. Un événement dont avait connaissance G4S, sans connaître les ressorts de l'enquête. «Nous n'avions pas connaissance des liens présumés entre Mateen et des activités terroristes», se défend John Kenning, directeur de la filiale américaine de l'entreprise.

Au cœur de plusieurs scandales

L'entreprise n'en est pas à son premier coup dur entachant sa réputation. En mai 2015, un agent employé à l'aéroport de Vienne a été mis en cause, accusé de trafic de clandestins. Selon des propos rapportés par The Guardian, il permettait à des migrants illégaux de passer aux Etats-Unis ou au Royaume-Uni en échange d'environ 5 000 euros.

Trois ans auparavant, en 2012, l'entreprise avait déjà fait parler d'elle. Choisie pour former les agents de sécurité des Jeux olympiques de Londres, elle avait fait faux bond au comité international des Jeux trois semaines avant le début de la compétition. Elle avait fourni à peine 4 000 agents sur les 10 400 promis.

Puis la presse avait révélé que certains employés étaient très jeunes et pas suffisamment formés pour assurer la sécurité des spectateurs. Le Daily Mail avait alors rapporté que «des agents de sécurité ont prévenu que des jeunes entre 18 et 19 ans avaient été embauchés pour fouiller les spectateurs et leurs sacs». Et de citer un autre employé s'inquiétant de la formation de ces derniers : «Certains stagiaires ne réussissaient pas à détecter les bombes et les armes dans les exercices pratiques. Il y a 50 % de chances que quelqu'un amène une bombe dans l'un des lieux des Jeux olympiques sans que l'on s'en rende compte.» Le cours de l'entreprise avait alors plongé de 17 % en Bourse.

Le département de la Sécurité nationale américain reste l'un des plus gros clients de G4S depuis les attentats du 11 Septembre d'après Kevin Brancato, un analyste de Bloomberg. En 2015, leurs relations commerciales auraient cependant diminué de 89,3 millions d'euros.