Un immense coup de filet. Pour tenter de mettre un terme à la série de meurtres visant des religieux, des représentants LGBT, des blogueurs, des intellectuels, des étrangers, des laïcs… la police a appréhendé plus de 11 680 personnes depuis vendredi au Bangladesh. Et cette campagne doit se poursuivre jusqu’à ce jeudi selon des dispositions prises la semaine dernière après la mort de Nityaranjan Pande, un employé d’un monastère hindou, tué à coups de machette dans le nord-est du pays.
Ces arrestations témoignent à nouveau d’un climat dégradé dans cet Etat musulman de 168 millions d’habitants. Il illustre la violence politique entre l’opposition muselée et le gouvernement de la Première ministre, Sheikh Hasina. Celle-ci entend éradiquer le terrorisme jihadiste, en niant par ailleurs depuis des mois toute présence et implication de membres d’Al-Qaeda en Asie ou de l’Etat islamique.
L’EI a pourtant revendiqué une vingtaine d’exécutions. Et Al-Qaeda affirme avoir ordonné une partie des autres meurtres. Selon le ministre bangladais des Affaires étrangères, l’EI chercherait à endosser la paternité des attaques sans être impliqué.
Mardi soir, un total de 11 684 personnes avaient été arrêtées. Mais cette vaste opération, aux allures de campagne de communication pour un gouvernement critiqué pour sa gestion de la série meurtrière, n'a pas donné beaucoup de résultats. Elle a parfois viré à «un flagrant abus de pouvoir» selon le quotidien Daily Star. Des centaines de Bangladais ont été arrêtées sans raison, certains ont été battus, d'autres ont dû payer pour être libérés. Des dizaines de personnes seront poursuivies pour possession de drogues, d'armes blanches ou à feu, de munitions. La police dit avoir arrêté 145 militants islamistes radicaux. Mais le Parti nationaliste du Bangladesh (BNP), principale force d'opposition, affirme que près de 2 100 de ses membres et militants auraient aussi été raflés.