La note de la cellule antiterroriste belge est alarmante. «Des combattants auraient quitté la Syrie il y a environ une semaine et demie afin de rejoindre l'Europe via la Turquie et la Grèce, en bateau, sans passeport. […] Ces personnes seraient déjà en possession de l'armement nécessaire et leur action serait imminente», indique-t-elle, selon le quotidien belge la Dernière Heure. Les jihadistes se seraient séparés en deux groupes, l'un pour la Belgique, l'autre pour la France, afin de commettre des attentats par groupes de deux. La note précise également les cibles choisies en Belgique : un centre commercial de Bruxelles, un restaurant d'une chaîne de fast-foods américaine et un commissariat.
Coordinateur. Deux jours après l'assassinat d'un policier et de sa compagne à Magnanville (Yvelines) et en plein Euro 2016, l'alerte semble d'autant plus inquiétante que plusieurs auteurs des attentats de Paris et de Saint-Denis avaient emprunté ce même trajet pour rejoindre la France et la Belgique. D'après un policier français, les services de renseignements belges tentent de localiser Younès Abaaoud, le frère d'Abdelhamid Abaaoud, considéré comme le coordinateur des attentats du 13 Novembre et tué lors de l'assaut de sa planque à Saint-Denis. Younès était entré en Syrie en 2014. «Ils se sont aperçus dans le cadre de cette enquête qu'il y a beaucoup de tentatives de retour», explique le policier. De plus en plus de jihadistes européens essaient effectivement de quitter la Syrie et l'Irak. Outre les bombardements aériens, l'EI doit y faire face à plusieurs attaques simultanées, notamment à Fallouja (Irak) et dans le nord de la Syrie. Leur fief de Manbij, une ville proche de la frontière turque où de nombreux Français et Britanniques s'étaient installés ces dernières années, est aujourd'hui encerclé par des combattants kurdes alliés à quelques brigades arabes.
Faux papiers. Mais les tentatives de retour sont rendues compliquées par la fermeture de la frontière turque. Les soldats n'hésitent pas à tirer à vue. Des passages illégaux sont possibles mais risqués. Il paraît en revanche peu probable que des membres de l'EI tentent de rejoindre l'Europe sans passeport, comme l'indique la note des services belges. Des faux papiers peuvent facilement s'acquérir en Turquie ou en Grèce et rendent la suite du voyage beaucoup plus simple.
Quel crédit apporter à ce genre de rapport ? «Des notes de ce type, il y en a honnêtement assez souvent. Et il semble étrange que des jihadistes voyagent avec leurs armes depuis la Syrie. Le risque n'est pas plus écarlate demain qu'aujourd'hui ou hier», affirme un agent de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI). «Les informations dont il est aujourd'hui question dans certains médias constituent des informations non contextualisées et n'ont, en tant que telles, aucun impact direct sur le niveau de la menace actuel», a déclaré dans un communiqué l'Organe de coordination pour l'analyse de la menace (Ocam), qui dépend du ministère de l'Intérieur belge. L'Ocam n'a pas relevé le niveau de la menace, estimant qu'elle restait «possible et vraisemblable».