Originaires de Gambie, du Niger, du Nigeria, ou encore du Ghana, des milliers de migrants tentent chaque année de rejoindre l'Algérie et la Libye. Le 12 juin, trente-quatre personnes, dont 20 enfants, sont mortes en tentant de traverser le désert qui les sépare du nord de l'Afrique.
Abandonnées par les passeurs, les victimes «sont probablement mortes de soif», a confié à l'AFP une source sécuritaire. «On sait qu'il s'agit de cinq hommes, neuf femmes et vingt enfants, certainement Nigériens, dont les dépouilles ont été retrouvées à Assamaka», explique, à Libération, Linda Cottone, de l'Organisation internationale pour les migrations (OIM).
Dans cette région dans le nord du Niger, à la frontière avec l'Algérie, la ville d'Agadez est le principal point de départ de convois en partance pour la Libye et l'Algérie. Certains habitants s'y improvisent passeurs, en utilisant leur voiture personnelle. D'autres prêtent leur toit aux migrants en attente de partir. Depuis 2015, ces activités sont pourtant considérées comme un crime passible de dix ans de prison minimum. «La population locale réagit. Elle se rend compte que c'est illégal. Mais, pour les passeurs, ça reste une source d'argent nécessaire», précise l'organisation. Et d'ajouter : «La loi n'a pas encore été suffisamment appliquée pour qu'elle décourage la population.»
L’Algérie et la Libye en ligne de mire
Les migrants ne font que passer en Libye, point de passage vers l'Europe mais ils s'arrêtent en Algérie. «Ce sont plutôt les jeunes hommes célibataires qui vont en Libye avant de s'engager sur la Méditerranée pour rejoindre l'Europe», observe Linda Cottone. «Les femmes seules avec les enfants se dirigent plutôt vers l'Algérie. Le réseau de passeurs y est mieux rôdé et c'est plus facile d'y trouve un travail». En 2015, 7000 Nigériens, dont une moitié de femmes et d'enfants, avaient été reconduits dans leur pays après un accord entre Alger et Niamey, la capitale nigérienne.
Depuis l'accord entre l'Union Européenne et la Turquie, conclu en mars pour endiguer l'afflux de migrants s'engageant sur la route des Balkans, la route maritime depuis l'Afrique est devenue le chemin principal pour rejoindre l'Europe. Les migrants sont ainsi de plus en plus nombreux à rejoindre le Nord du Niger. 60% de ceux qui s'embarquent sur la Méditerranée depuis la Libye avaient avant traversé le désert. «120 000 migrants ont emprunté cette route en 2015. En 2016, nous pensons que ce nombre atteindra 160 000», précise l'organisation.
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La Commission européenne a présenté, la semaine dernière, un plan d'aide de 8 milliards d'euros d'ici à 2020 à destination des pays d'origine des migrants pour qu'ils les retiennent sur leur territoire. Ce plan, qui doit encore être adopté par les pays membres, sera présenté en détail à l'automne.