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Libération
édito

Fanatiques

Publié le 16/06/2016 à 20h11

Comment imposer sa loi à un ennemi qui n’en respecte aucune ? La coalition anti-Daech n’a certes pas de leçon de morale à donner. Dans cette guerre sans règle, elle use elle aussi de méthodes expéditives, parmi lesquelles le bombardement aérien, dont on affirme qu’il est toujours ciblé, mais qui, par nature, n’épargne pas les civils. La supériorité technologique n’a jamais été une garantie éthique… Mais l’usage sans frein de la violence nue, l’acceptation fanatique du sacrifice et l’absence de tout scrupule envers les civils, qui sont l’apanage revendiqué de l’Etat islamique, posent à ses adversaires de redoutables problèmes. En principe, les villes attaquées par la coalition devaient tomber sans coup férir, encerclées par des troupes nombreuses et bien armées. Mais outre les innombrables pièges disposés autour de ces points de résistance, l’Etat islamique a pris en otages des populations civiles qui vivent dans la terreur et servent de boucliers humains aux combattants. Dans ces conditions, la supériorité aérienne de la coalition devient une arme à double tranchant : plus les bombardements seront intenses, plus le nombre des victimes civiles augmentera, plus Daech s’en servira pour nourrir sa propagande mondialisée, d’une redoutable efficacité. Il faut conquérir les villes rue par rue, maison par maison, face à des combattants qui, souvent, méprisent totalement la vie humaine, à commencer par la leur.

Autrement dit, le recul inéluctable de l’Etat terroriste prendra bien plus de temps qu’on le pensait en comparant sur le papier les forces en présence. Après avoir mené deux guerres éclairs en Irak, sans en mesurer sérieusement les conséquences, en tout cas pour la deuxième, les Occidentaux sont confrontés à un conflit de longue durée, meurtrier et sans merci. Lancinant, cruel, le cauchemar Daech ne passera pas comme un mauvais rêve.