Photo Richard Gardner. Rex
Le Royaume-Uni est sous le choc. «Un meurtre horrible», a déploré Jeremy Corbyn, le chef du Parti travailliste. «Une tragédie», a tweeté David Cameron, le Premier ministre britannique. «Un jour dévastateur, dévastateur pour notre démocratie», a ajouté Gordon Brown, l'ex-locataire du 10, Downing Street, alors que doit se tenir dans une semaine un référendum capital qui déterminera si la Grande-Bretagne demeure dans l'Union européenne.
Jo Cox, jeune députée et figure montante du Labour (Parti travailliste), est morte assassinée, jeudi, à Birstall, près de Leeds dans le nord de l’Angleterre. L’attaque s’est produite à proximité de la bibliothèque où elle tenait régulièrement des permanences. Elle a été la cible de coups de feu et a été poignardée à plusieurs reprises. Transportée à l’hôpital de Leeds, l’élue de 41 ans, mère de deux enfants, n’a pas survécu à ses blessures.
Après l’annonce de l’agression contre la députée, le camp militant pour le maintien du Royaume-Uni dans l’Union européenne a annoncé la suspension de sa campagne pour la journée. L’ancien maire de Londres et chef de file du camp pro-Brexit (sortie de l’Europe), Boris Johnson, a également annoncé qu’il cessait de faire campagne pour la journée tandis que David Cameron a déclaré qu’il annulait un meeting pro-UE à Gibraltar où il est arrivé dans l’après-midi.
Une rixe
Le meurtrier présumé serait un homme de 52 ans, selon la police qui a indiqué qu'un «grand nombre de témoins avaient été entendus». Il a été décrit par ses voisins comme «solitaire». On ignorait encore dans la soirée de jeudi ses motivations précises. Selon une témoin qui se trouvait dans un café à côté de la bibliothèque au moment des faits et citée par The Guardian, la députée aurait tenté de s'interposer dans une rixe entre deux hommes, avant d'être prise à partie par l'un d'eux. Alors que la campagne pour le référendum sur l'appartenance du Royaume-Uni à l'UE bat son plein, un autre témoin, cité par la chaîne d'info Sky News, a affirmé que le tireur aurait crié «Britain First» («la Grande-Bretagne d'abord») pendant l'agression.
Jo Cox était restée fidèle à Batley, dans le Yorkshire, où elle avait grandi avant d'entrer au Parlement comme députée de la circonscription de Batley et Spen lors des dernières élections législatives de 2015. Diplômée de Cambridge en 1995, «elle était la première de sa famille à avoir obtenu un tel diplôme universitaire», rappelle sa courte biographie sur le site du Labour.
Oxfam, Save the Children, National Society for the Prevention of Cruelty to Children… Jo Cox avait travaillé pour de nombreuses organisations caritatives de lutte contre la pauvreté et la discrimination à travers le monde. Elle a également œuvré en 2008 au côté de Barack Obama lors de la campagne électorale de son premier mandat. Ces derniers temps, Jo Cox était très impliquée dans la campagne pour le maintien du Royaume-Uni dans l'Europe. Lors de son premier discours après avoir été élue, Jo Cox a vanté les avantages de l'immigration : «Nos communautés ont été profondément renforcées par l'immigration, que ce soit des catholiques irlandais au sein de la circonscription ou des musulmans du Gujarat en Inde ou du Pakistan.»
Les Amis de la Syrie
Au cours de son mandat, elle s’est fortement impliquée dans la résolution du conflit syrien en devenant coprésidente du groupe parlementaire des Amis de la Syrie. A l’automne 2015, elle avait appelé à la création d’une zone d’exclusion aérienne destinée à mettre fin aux bombardements perpétrés par le régime de Bachar al-Assad sur les civils. Femme de gauche, elle plaidait également pour que l’Angleterre accueille plus de réfugiés syriens.