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Libération
Vu de Stockholm

En Suède, le meurtre de Jo Cox ravive de funestes souvenirs

Le meurtre de la députée travailliste rappelle aux Suédois celui de leur ministre des affaires étrangères social-démocrate Anna Lindh, assassinée en 2003, à quatre jours d’un référendum sur la monnaie unique dans le pays.
Une femme fleurit la tombe d'Anna Lindh, à Stockholm, en 2004. (AFP)
publié le 17 juin 2016 à 15h23

Sur les réseaux sociaux, les internautes ont immédiatement évoqué le meurtre de la ministre suédoise des Affaires étrangères Anna Lindh, 46 ans, le 10 septembre 2003, à quatre jours d'un référendum sur la monnaie unique dans le pays. Comment ne pas faire le parallèle ? «Encore une jeune politicienne social-démocrate à succès a été assassinée. Encore une femme, mère de deux enfants, avec un mandat politique et un engagement pour les droits de l'Homme a été tuée», constate le grand quotidien Dagens Nyheter. La chef de la diplomatie, Margot Wallström, témoigne elle aussi de son immense tristesse, à l'égard d'«un acte insensé, d'une brutalité terrible», qui lui rappelle la mort d'Anna Lindh, dont elle était une des amies les plus proches. «Je le ressens dans tout mon corps aujourd'hui», confie-t-elle sur la chaîne SVT. Margot Wallström émet ses doutes sur le principe du référendum : «Même si c'est une des formes les plus accomplies de démocratie, il ne faut pas oublier qu'il polarise aussi. On choisit un côté, le ton durcit, un ton qui survit longtemps après la consultation.»

17 ans après l'assassinat non résolu d'Olof Palme

Le 10 septembre 2003, la ministre des affaires étrangères social-démocrate Anna Lindh, 46 ans, faisait du shopping, avec une amie, dans la galerie marchande Nordiska Kompaniet à Stockholm, quand un homme se jette sur elle et la frappe de plusieurs coups de couteau au bras, à la poitrine et l’abdomen. Transportée à l’hôpital, elle succombe à ses blessures dans la nuit. Dix-sept ans après l’assassinat toujours non résolu du Premier ministre Olof Palme en 1986, le drame plonge le royaume dans l’effroi. Le 25 septembre, la police arrête un homme de 25 ans, Mijailo Mijailovic, un Suédois d’origine serbe, décrit comme un déséquilibré mental. Il est d’abord condamné à la perpétuité, puis à l’internement psychiatrique en appel, avant que sa peine de prison à vie soit confirmée par la cour suprême du royaume en décembre 2004.

Comme Jo Cox, Anna Lindh était une élue très populaire en Suède. Femme de gauche, profondément humaniste et pro-européenne, elle aussi était considérée comme une star de son parti, promise aux plus hautes fonctions. Comme Jo Cox, elle a été assassinée en pleine campagne, avant le référendum qui devait déterminer le niveau d’engagement de son pays au sein de l’Union européenne. Le 14 septembre, les Suédois devaient se prononcer sur leur éventuelle adhésion à l’Union économique et monétaire. Anna Lindh était une des championnes du camp du «oui», favorable à la monnaie unique. Après sa mort, la campagne a été suspendue. Beaucoup s’interrogeaient alors sur l’impact de la tragédie sur le vote. Finalement, le jour du référendum, les Suédois se sont déplacés en nombre pour aller voter (82,5 % de participation). Mais le «non» l’a emporté à 55,9 % des voix.