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Libération

Evelyne Gougenheim, la femme qui défie les «machos» du Consistoire

publié le 17 juin 2016 à 20h51

Joël Mergui a l'œil des mauvais jours. «On passe pour des c…», lâche le président du Consistoire central (qui gère les affaires cultuelles du judaïsme) en aparté, lors du repas de rupture de jeûne organisé mercredi soir par le Conseil français du culte musulman (CFCM). Depuis un mois, le linge sale se lave en public. Mergui et ses partisans passent pour d'affreux machistes, prêts à tout pour empêcher la candidature d'une femme à sa succession : Evelyne Gougenheim, 60 ans. Cette ancienne galeriste en art contemporain défie le massif Mergui, dermatologue et dirigeant communautaire à la poigne de fer. Le 10 avril, elle avait annoncé qu'elle briguerait, elle aussi, le poste de président lors du scrutin qui a lieu ce dimanche. Un crime de lèse-majesté à l'encontre de Mergui, son ancien mentor, jusqu'alors unique candidat.

Devant un couscous casher, réservé aux invités juifs du CFCM, ce dernier tente de plaisanter : «On a tous nos frondeurs A la même heure, Evelyne Gougenheim tient une modeste réunion électorale à la grande synagogue de la Victoire, dans le IXe arrondissement de Paris. Face à une petite trentaine de personnes, elle expose son programme. «Je lutte contre la privatisation du Consistoire et pour plus de transparence», explique-t-elle. Elle dénonce surtout la concentration des pouvoirs aux mains de Mergui et une gestion financière hasardeuse. Ses adversaires ont voulu lui barrer la route en invoquant la loi juive, la halakha. Les quatre juges rabbiniques de l'Hexagone ont écrit, le 10 mai, au grand rabbin de France, Haïm Korsia, lui demandant «d'intervenir urgemment afin d'écarter l'actuelle candidature féminine». Mais Korsia a botté en touche, rappelant que le Consistoire central est une association… laïque.