Menu
Libération
EDITORIAL

Légitime

Publié le 19/06/2016 à 20h41

On peut douter de l'utilité réelle de l'aéroport dont la construction est projetée à Notre-Dame-des-Landes. La grande majorité des élus du Grand Ouest, représentant une large majorité d'électeurs, y est favorable. Mais les arguments présentés par les opposants, au fur et à mesure que la prise de conscience écologique se développe, sont également solides et probablement plus en phase avec l'époque. On peut aussi discuter des modalités de la consultation en cours dans le département concerné, contester, par exemple, le périmètre choisi. En fait, comme dans les affaires de découpage électoral, chacune des parties soutient le tracé qui lui est le plus favorable, le département de Loire-Atlantique pour les uns, les trois régions Bretagne, Poitou-Charentes et Pays-de-la-Loire pour les autres. En revanche, il est très étrange de refuser, frontalement - ou obliquement par des recours juridiques - le principe d'une consultation populaire. Proposé à l'origine par Daniel Cohn-Bendit, qu'on peut difficilement accuser de fureur productiviste ou d'indifférence à l'empreinte carbone, ce scrutin a le grand mérite de créer un précédent. Dans le cas d'un très vaste équipement, coûteux et controversé, dont les conséquences sur l'environnement sont importantes, le recours au vote des électeurs les plus concernés est un progrès démocratique. Il permet de faire sortir la décision des seuls bureaux d'experts et des conciliabules de technocrates pour y associer le peuple. A moins, bien sûr, de considérer que le citoyen n'est pas assez adulte pour saisir les enjeux écologiques de cette affaire. Position paradoxale quand on réclame par ailleurs la démocratisation des institutions de la Ve République… On constate d'ailleurs que beaucoup de ceux qui dénoncent les modalités du vote participent en fait activement à la campagne électorale. Ce qui revient à en accepter la légitimité.