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Libération
Analyse

A Fallouja, le désastre humanitaire s’amplifie

publié le 20 juin 2016 à 20h41

Au moins 30 000 personnes ont rejoint ces trois derniers jours les dizaines de milliers de réfugiés dans les camps installés aux lisières de Fallouja, dans le centre de l’Irak. Depuis le début de l’offensive, le 23 mai, par les forces irakiennes contre la place forte de l’Etat islamique, avec l’appui aérien de la coalition internationale, 84 000 civils ont quitté la ville. L’afflux va sans doute continuer alors que des milliers d’autres sont bloqués dans la cité, selon le Conseil norvégien pour les réfugiés (NRC) qui gère les camps de déplacés.

Ils ont enduré des mois de siège, ont fui leur ville sous les bombardements ou les balles de snipers, échappé aux mines sur la route du départ. Sortis de l'enfer, les habitants de Fallouja ne trouvent qu'une relative délivrance au bout du chemin. Par plus de 40°C, ils s'installent en plein air sous le soleil, puisqu'il n'y a pas de tente pour les abriter. L'eau et la nourriture manquent et les conditions sanitaires deviennent de plus en plus précaires, selon l'organisation norvégienne. L'un des camps qu'elle gère, Amriyat al-Fallouja, qui abrite 1 800 personnes, ne dispose que d'un seul endroit pour les latrines des femmes.«Nous implorons le gouvernement irakien de prendre en charge cette catastrophe qui se déroule sous nos yeux, a déclaré le directeur du NRC pour l'Irak, Nasr Muflahi. Il doit jouer un rôle de premier plan dans la fourniture en besoins des civils les plus vulnérables qui ont enduré des mois de traumatisme et de terreur.»

Le Premier ministre, Haïdar al-Abadi, a promis de fournir un soutien aux déplacés, confrontés à des températures suffocantes dans la province d'Al-Anbar, où se situe Fallouja. Son gouvernement est déjà submergé par les besoins de 3,4 millions d'Irakiens déplacés à travers le pays depuis le début du conflit (voir également ci-contre).Les batailles engagées et à venir contre l'Etat islamique en Irak et en Syrie risquent d'aggraver la situation humanitaire dans la région.