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Après Orlando, le Sénat américain se penche à nouveau sur les armes à feu

Massacre à Orlandodossier
Ce lundi, les sénateurs vont examiner dix projets de loi visant à limiter les ventes d'armes. Les chances qu'ils passent sont maigres.
Hommage de Barack Obama et de son vice-président Joe Bidden aux victimes de la tuerie d'Orlando. (Photo Saul Loeb. AFP)
par Jordan Muzyczka
publié le 20 juin 2016 à 13h18

Avec 49 morts et 53 blessés, la tuerie survenue à Orlando, en Floride, le 12 juin dernier est le pire massacre de masse de l'histoire des Etats-Unis. Il a relancé le débat sur la vente libre des armes à feu, garanti par le fameux article 2 de la constitution. Et comme régulièrement après de tels drames, des parlementaires vont proposer un texte visant à encadrer le port d'armes. Le Sénat doit examiner un projet de loi limitant l'accès aux armes aux suspects terroristes.


«Je suis à bout. Je vais garder la parole jusqu'à ce que nous obtenions un signe indiquant que nous pouvons nous rassembler» sur le cas des armes à feu, a plaidé, jeudi dernier, Chris Murphy, sénateur démocrate du Connecticut, où un déséquilibré avait tué 20 enfants dans une école de Newton, en décembre 2012. C'est après un filibuster – technique parlementaire permettant de monopoliser la parole - de quatorze heures, que lui et Richard Blumenthal (également élu du Connecticut) ont obtenu que ce texte aboutisse devant le Sénat.

  

Les interventions des sénateurs démocrates du Connecticut Chris Murphy et Richard Blumenthal, le 16 juin dernier.

Quatre propositions qui regroupent dix projets de loi

Le Sénat doit se prononcer sur quatre propositions visant à empêcher les ventes d'armes aux personnes suspectées d'activités terroristes. Des propositions qui ne font pas consensus, dans une assemblée à majorité républicaine. Au Grand Old Party, on est particulièrement attaché au deuxième amendement, qui, depuis 1791, octroie à chaque citoyen le droit de porter une arme. Mais même candidat républicain à la Maison Blanche Donald Trump suggère, dans un tweet du 15 juin dernier de ne plus vendre d'armes à feu à des personnes figurant sur des listes de surveillance antiterroriste.

Au total, dix projets de lois seront examinés aujourd’hui par les 100 sénateurs. Des textes qui visent une meilleure vérification des antécédents des acheteurs: la législation américaine exige un contrôle des marchands mais pas des acheteurs. Egalement à l''étude, l’interdiction de la vente d’armes à feu à des personnes reconnues coupables de violences domestiques ou de harcèlement; possibilité donnée aux familles qui soupçonnent des proches pouvant être à risque de prévenir les autorités. Enfin, les projets de loi visent à allouer d’avantages de crédits aux centres de contrôle et de prévention pour mener et appuyer la recherche sur la sécurité des armes à feu et la prévention de la violence.

Un graphique représentant le nombre de vendeurs d'armes (en gris) aux Etats-Unis, par rapport aux vendeurs de burgers, de pizza et de café (en rose), en 2016.

Très sensibilisé au problème de la prolifération des armes à feu, Barack Obama a rencontré le 16 juin les familles des victimes à Orlando. A cette occasion il a à nouveau un appel à adopter des lois plus fortes sur le contrôle des armes et pour «mettre fin à la plaie de la violence que ces armes infligent tant de vies».

En avril 2013, quatre mois après la tuerie dans une école primaire à Newtown, dans l'Etat du Connecticut où 20 enfants et six adultes avaient perdu la vie, un premier projet de loi avait été présenté au Sénat. Il avait alors été rejeté. En décembre dernier après l'attaque à San Bernardino par un couple radicalisé provoquant 14 victimes et une vingtaine de blessés, le Sénat étudie deux textes visant à encadrer la vente d'arme à feu dans le pays. Elles avaient également été rejetées ne réunissant que 45 et 55 voix favorables, alors que 60 sont nécessaires. Ce lundi, les perspectives ne sont guère optimistes. Chris Murphy, le sénateur à l'origine du «filibuster» a confié que le passage des mesures était peu probable, à cause du jeu politique et de l'obstruction systématique auxquels se livrent démocrates et républicains.