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Sondage

La lutte contre le sida, une priorité de l’aide au développement pour les Français

L'ONU vise une éradication de la maladie en 2030, mais il manque pour cela 6,2 milliards d'euros par an.
Cinq millions de personnes n'ont toujours pas accès au traitement contre le VIH en Afrique centrale et de l'Ouest. (Photo LAKRUWAN WANNIARACHCHI. AFP)
publié le 20 juin 2016 à 7h07

Le week-end prochain, à l'occasion de Solidays, François Hollande devrait annoncer la contribution financière de la France au Fonds mondial de lutte contre le sida. Il y a un vrai enjeu, le pays étant le deuxième plus important contributeur, avec un don de 360 millions d'euros par an. Pour autant, les autorités sanitaires, depuis quelques années, se contentent de prolonger les engagements passés, sans les augmenter, à la différence d'autres Etats contributeurs. Comme s'il y avait une sorte de lassitude, voire un manque d'intérêt des Français pour ce sujet. Or, ce lundi, l'association Coalition Plus – en partenariat avec Aides et Act Up Paris – va publier un sondage qui révèle qu'une «très large majorité des Français considèrent la lutte contre le sida comme un objectif prioritaire pour la France». Un pied de nez, en somme, à ceux qui jugent que la France en fait trop sur cette épidémie, et pas assez sur d'autres sujets sanitaires.

Les chiffres du sondage sont impressionnants : 7 Français sur 10 estiment ainsi «que la lutte contre le sida est un objectif prioritaire de l'aide au développement» ; «75% des Français pensent qu'une aide technique et financière vers les pays en développement peut contribuer à réduire l'extension ou l'apparition de certaines épidémies, comme c'est le cas avec le VIH». Bref, c'est donc réalisable. Et cela conforte le projet de l'ONU, qui considère que l'éradication de l'épidémie est possible d'ici à 2030. La première étape serait, d'ici à 2020, d'arriver à dépister 90% des personnes vivant avec le VIH, de mettre 90% des personnes dépistées sous traitement. Mais pour cela, il manque 7 milliards de dollars (6,2 milliards d'euros) par an.

Méfiance

A la question «qui devrait donner pour combler ce gap ?», 32% des personnes interrogées estiment que les fonds doivent venir des pays développés, 10% des pays en développement et 58% autant les uns que les autres. Pour autant, note Coalition Plus, il se fait jour une plus grande méfiance que par le passé à l’égard de la politique conduite par les pouvoirs publics vis-à-vis des pays en développement : 63% des répondants se déclarent en effet favorables à la politique de développement de la France, soit un score en baisse de 16 points par rapport à 1991.

Que va annoncer François Hollande ? Uniquement la poursuite des engagements passés ? Le Premier ministre canadien, Justin Trudeau, a annoncé une hausse de son engagement financier de 20%. Les Etats-Unis, le Luxembourg, l’Union européenne et le Japon figurent parmi les Etats donateurs qui ont décidé eux aussi d’intensifier leurs efforts pour atteindre cet objectif d’éradication du sida dans les quinze prochaines années.

(1) Enquête réalisée par l'Ifop sur 1 000 personnes représentatives, par questionnaire autoadministré.