En Ecosse et en Irlande du Nord, «remain» à tout prix
Dans ces pays, deux tiers de la population est favorable au remain. «Depuis trente ans, le nationalisme s'est largement construit avec l'appartenance à l'Union européenne. Par exemple, le principal parti nationaliste a pour slogan "Independence in Europe"», "indépendance au sein de l'Europe», explique Gilles Leydier, professeur de civilisation britannique à l'Université de Toulon. Autre raison, seuls 17 % des Ecossais adhèrent au souhait des pro-Brexit de réduire l'immigration. D'après un sondage de l'Observatoire des migrations, la majorité des Ecossais affirme qu'elle est bénéfique à l'économie du pays.
Les Irlandais du Nord, quant à eux, craignent qu’un Brexit ravive les tensions entre unionistes partisans d’un maintien dans le Royaume-Uni et nationalistes, en faveur d’un maintien dans l’UE. Une sortie de l’UE rétablirait le contrôle aux frontières entre les deux pays. Pour la majeure partie de la population qui a connu les check-points, les tours barricadées et les violences dans les villes frontalières, cet argument prévaut à tous les autres.
Londres et les grandes villes universitaires, une ouverture sur l’Europe
Londres s'est imposé comme le bastion du remain. Florence Faucher, professeur de sciences politiques et spécialiste du Royaume-Uni, explique que les Londoniens sont «ceux qui ont le plus l'impression de tirer profit de l'ouverture internationale et européenne». Une tendance commune à toutes les grandes villes : «Dans le centre de Manchester, Liverpool ou Newcastle, les électeurs voteront plutôt pour le remain, précise Gilles Leydier, professeur en civilisation britannique. Mais les périphéries, composées d'un électorat plus populaire, voteront davantage pour le Brexit.» Le poids des pro-européens dans les grandes villes s'explique également par une large proportion de diplômés. «Plus le niveau d'études augmente, moins on a de chances de voter pour le Brexit», relève Florence Faucher. Oxford, Cambridge, Edimbourg, Bristol : les villes universitaires sont parmi les plus réticentes au Brexit.
Dans les Midlands, le nord et l’est de l’Angleterre : les eurosceptiques
Le leave semble l'emporter dans les Midlands et autour de certaines villes marquées par l'après-révolution industrielle dans le nord de l'Angleterre. L'électorat y est traditionnellement plus ouvrier et plus populaire que dans les grandes villes. Même chose sur la côte Est du pays, plus rurale et où l'électorat est plus âgé. «Les classes populaires des petites villes du nord et de l'est de l'Angleterre sont les plus favorables au Brexit car les habitants se sentent lésés par cette ouverture sur l'étranger, et menacés dans leur situation économique», analyse Florence Faucher, professeur de sciences politiques et spécialiste du Royaume-Uni.
Pays de Galles, l’indécis
Selon le dernier sondage YouGov, 55 % des électeurs se déclarent en faveur du in contre 45 % pour le out. Seules deux zones apparaissent clairement pour un maintien au sein de l'UE : la région de Ceredigion, dans le Nord-Ouest, et l'agglomération de Cardiff, la capitale. A contrario, certaines zones frontalières de l'Angleterre pourraient privilégier un Brexit. C'est d'ailleurs dans ces régions que l'Ukip, parti europhobe, «a réalisé une percée lors des élections législatives en mai dernier au pays de Galles», rappelle Gilles Leydier.