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Libération
Passage en revue

Brexit : la campagne s'est-elle jouée sur Internet ?

C'est désormais un marronnier de toute campagne politique, donc, aucune raison que le Brexit n'échappe à la règle : le vote s'est-il joué sur Internet, ou IRL («in real life») ?

Les pro-Brexit ont mieux utilisé les réseaux sociaux que les anti. (Photo Tobias Schwarz. AFP)
Publié le 22/06/2016 à 11h02

C'est désormais un marronnier de toute campagne politique. Aucune raison, donc, que le Brexit n'échappe à la règle : le vote du Brexit s'est-il plutôt joué sur Internet, ou IRL (in real life, soit, dans la vraie vie – du moins, via les canaux traditionnels) ? La réponse à cette question se situe sans doute entre les deux. A quelques heures du vote, passage en revue de l'utilisation qu'ont fait les deux camps, celui du Leave («partir») et celui du Remain («rester»), des réseaux sociaux et autres outils numériques.

Sites militants «d’information» : pro et anti-Brexit à égalité

En règle générale, une campagne à l'issue de laquelle on vote contre quelque chose (ici, contre l'UE) rassemble davantage qu'une campagne en faveur de cette même chose, et cela sur confirme sur Internet, où le camp du Leave semble bénéficier d'une nette avancée. Côté sites militants «d'information» créés à l'occasion de la campagne, les pro et les anti-Brexit sont néanmois à peu près à égalité. A des sites comme GetBritainOut.org, Leave.eu ou VoteLeaveTakeControl.org, se proposant d'exposer aux électeurs pourquoi le Royaume-Uni serait bien mieux hors de l'Union européenne, répondent les anti-Brexit Britain Stronger in Europe ou ProEuropa.org, qui vantent l'option inverse. Tous sont très facilement accessibles depuis le moteur de recherche Google. Balle au centre.

Humour et moqueries anti-UE : les pro-Brexit en tête

Parmi toutes les initiatives humoristiques (vidéo virales, chansons… compilées ici par notre correspondante sur place) qui ont émaillé la campagne, celles incitant à quitter l'Union européenne ont davantage fleuri que les autres. Mise à part la tentative du compositeur gallois Gruff Rhys de chanter son amour de l'Union européenne, les Anglais ont plus souvent donné de la voix pour inviter les électeurs à la quitter.

Le sujet des régulations européennes, dont il est aisé de se moquer – surtout quand on dit n'importe quoi – a également été matière à ironiser chez les eurosceptiques. On a ainsi vu diffusé sur les réseaux le film Brexit, the movie («Brexit, le film»), réalisé par un producteur de télévision nommé Martin Durkin (lequel a aussi réalisé par le passé un docu intitulé La Grande arnaque du réchauffement climatique) en faisant appel au financement participatif. Or, comme l'a observé l'équipe de l'humoriste britannique John Oliver, le «documentaire» se base sur des chiffres souvent faux. Peu importe : plus de 1 800 personnes auraient déjà contribué à financer la diffusion du film.

Réseaux sociaux : les anti-Brexit à la peine

Côté réseaux sociaux, le camp du Remain aura-t-il bénéficié de l'initiative de Facebook de publier un message visible par les utilisateurs britanniques, les incitant à s'inscrire sur les listes électorales ? D'après Numerama, plusieurs centaines de nouvelles inscriptions de citoyens de moins de 35 ans ont été enregistrées dans les jours qui ont suivi la mise en ligne du message.

Côté utilisateurs, en revanche, le camp pro-Brexit semble largement dominer. C'est en tous cas l'analyse d'Albéric Guigou, directeur de l'agence Reputation Squad, dans un billet intitulé Le Brexit a déjà gagné le référendum des réseaux sociaux, publié sur Slate.fr. «"Vote Leave", la campagne officielle des pro-Brexit, creuse inéluctablement l'écart vis-à-vis des pro-UE de "Stronger In" grâce à une communauté à la fois plus nombreuse de plus de 36 000 fans et followers, mais aussi plus engagée dans le partage des contenus et messages diffusés sur les plateformes», fait-il notamment remarquer. Des citoyens plus prompts à relayer les messages «d'information» et d'opinion, donc, mais aussi des personnalités politiques plus présentes. Nigel Farage (Ukip, pro-Brexit) mène largement la danse de l'influence, devant David Cameron (anti-Brexit) ou Jeremy Corbyn (Labour, anti-Brexit). Au classement final des influenceurs, c'est-à-dire de ceux qui sont le plus entendus sur les réseaux sociaux, proposé par Albéric Guigou, sept personnalités pro-Brexit côtoient seulement trois anti.

Relevons tout de même l'initiative de David Cameron (anti-Brexit), qui se serait inscrit sur l'application de rencontres Tinder pour faire campagne, comme l'a relevé Numerama - même si on n'est pas certain que cela suffira.