On peut parier que les citoyens américains, assez peu friands d’actualité internationale, ne se passionneront pas pour le Brexit ou ses conséquences. A quelques mois de la présidentielle américaine, la décision des Britanniques fait pourtant écho à la campagne électorale actuelle, qui se cristallise autour des mêmes questions : immigration, identité nationale, appauvrissement de la classe moyenne et rejet des élites, en particulier politiques.
En déplacement en Ecosse pour la promotion d'un de ses parcours de golf, Donald Trump n'a pas manqué de souligner le «vrai parallèle» entre le Brexit et son propre succès. «Les gens veulent reprendre le contrôle de leur pays. Ils sont en colère à propos des frontières. Ils sont en colère à cause des gens qui entrent dans le pays et dont personne ne sait qui ils sont», a déclaré le milliardaire. Au passage, il a taclé Barack Obama qui, lors de sa visite au Royaume-Uni en avril, avait ouvertement appelé au rejet du Brexit. «Le monde ne l'écoute pas», s'est moqué Donald Trump, estimant – comme de nombreux responsables du parti républicain – que le président américain n'aurait pas dû se mêler des affaires internes du grand allié britannique.
«Les habitants du Royaume-Uni ont parlé et nous respectons leur décision», a sobrement réagi Barack Obama dans un bref communiqué. Le président américain, qui devait s'entretenir dans la journée avec David Cameron, a ajouté que «la relation spéciale entre les Etats-Unis et le Royaume-Uni» s'inscrivait «dans la durée» et que Royaume-Uni et Union européenne resteraient «des partenaires indispensables» de Washington.
Enfin, alors que les marchés financiers américains ont ouvert vendredi en forte baisse, inquiets des répercussions économiques du Brexit, Hillary Clinton a estimé que «la première tâche» des dirigeants américains était de «s'assurer que l'incertitude économique créée par ces événements ne nuise pas aux familles de travailleurs» aux Etats-Unis. Pour la candidate démocrate, l'enjeu est de taille. Tout affaiblissement de l'économie américaine d'ici au scrutin de novembre fragiliserait le bilan d'Obama, sur lequel elle compte bien s'appuyer. «Les électeurs britanniques ont déclenché un tsunami transatlantique», titrait vendredi le site Politico. Un tsunami qui se dirige, aussi, vers les côtes américaines.