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analyse

Pourquoi Trump dévisse dans les sondages

Après plusieurs sorties provocatrices du républicain, la candidate démocrate Hillary Clinton a repris de l'avance dans deux enquêtes d'opinion.
Donald Trump lors d'un déplacement sur un golf en Ecosse samedi. (Photo AFP)
publié le 27 juin 2016 à 9h24

L’armure du candidat Trump se fissure-t-elle ? Pendant de longs mois, Donald Trump a semblé pouvoir enchaîner provocations et insultes sans la moindre conséquence sur sa courbe de sondages. Alors que l’élection générale approche et que les Américains s’intéressent de plus près à la campagne, cette tendance est peut-être révolue. Dans deux enquêtes d’opinion publiées dimanche, le candidat républicain accuse en effet un net retard sur Hillary Clinton. Il y a un mois encore, Donald Trump faisait jeu égal avec sa rivale démocrate. Mais entre-temps, le milliardaire a vivement mis en cause l’impartialité d’un juge en raison de ses origines mexicaines puis s’est vanté, quelques heures seulement après le drame d’Orlando, d’avoir prévu de telles attaques. Et cela l’a manifestement desservi.

Selon le premier sondage, réalisé par le Washington Post et ABC, Hillary Clinton obtiendrait 51% des voix contre 39% pour Donald Trump. Cet écart de douze points - contre deux dans l'enquête du mois dernier - est l'un des plus forts observés entre les deux prétendants à la Maison Blanche depuis l'été dernier. Le second sondage de NBC-Wall Street Journal donne un avantage plus réduit à Hillary Clinton (46% à 41%). Le baromètre moyen des sondages, tenu par le site RealClearPolitics, affiche quant à lui un écart de 6,7 points entre les deux candidats, au plus haut depuis deux mois.

Plus inquiétant encore pour Donald Trump : selon l'enquête Washington Post-ABC, près de deux Américains sur trois considèrent que le milliardaire n'est pas qualifié pour être président. Autant se disent inquiets de la perspective de le voir s'installer à la Maison Blanche. A l'inverse, 61% des personnes interrogées estiment que Hillary Clinton est qualifiée pour devenir présidente.

Caisses renflouées

Pour autant, la semaine écoulée n'a pas été totalement noire pour Donald Trump. Tout d'abord, le sondage Washington Post-ABC lui offre un motif d'espoir : 84% de ses supporters se disent certains d'aller voter en novembre, contre 76% seulement des partisans de Hillary Clinton. Dans le détail, on observe que les groupes démographiques plus favorables au candidat républicain sont davantage sûrs de se rendre aux urnes. C'est le cas des hommes blancs, à 73%. A l'inverse, la participation devrait être plus faible parmi les minorités. Les Hispaniques, qui soutiennent largement Hillary Clinton, ne sont que 44% à se dire certains d'aller voter.

Autre nouvelle rassurante pour le magnat de l’immobilier : il aurait levé la semaine dernière plus de 11 millions de dollars. De quoi renflouer des caisses de campagne quasiment à sec. Début juin, la campagne de Trump ne disposait que de 1,2 million de dollars de réserves, contre 42 millions de dollars pour sa rivale démocrate. Dans les semaines à venir, en particulier après les conventions des deux partis fin juillet, cet argent pourrait s’avérer crucial pour financer des publicités politiques. Hillary Clinton n’a d’ailleurs pas attendu : il y a dix jours, elle a lancé une campagne à 20 millions de dollars dans huit Etats considérés comme décisifs pour le scrutin de novembre.

Un impact du Brexit ?

Enfin, le camp de Donald Trump espère que la victoire du Brexit, jeudi dernier, va doper sa candidature, qui se cristallise autour de thèmes identiques : nationalisme, rejet des immigrés et des élites. «Les Britanniques ont voté pour récupérer leur pays et déterminer leur futur, exactement comme le peuple américain pourra le faire le 8 novembre 2016», a réagi Paul Manafort, le directeur de campagne de Donald Trump, dans un communiqué.

Dans un pays peu friand d'actualité internationale, on peut toutefois parier que le Brexit et ses conséquences ne passionneront pas les électeurs américains. «Je crois que, dans ce pays, on ne pourrait même pas remplir un stade de lycée avec des gens qui s'intéressent au Brexit. Je ne pense pas que l'Amérique comprenne l'Union européenne ou ce que ça représente», confie à Politico Stuart Stevens, ancien stratège de la campagne Romney en 2012.

A défaut d’impact direct sur les électeurs, le Brexit pourrait avoir des conséquences économiques qui, par ricochet, s’inviteraient dans la campagne présidentielle. Tout affaiblissement de l’économie américaine d’ici au scrutin de novembre fragiliserait ainsi le bilan d’Obama, sur lequel Hillary Clinton compte bien s’appuyer pour devenir la première femme élue à la Maison Blanche.