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Libération
EDITORIAL

Volte-face

publié le 28 juin 2016 à 20h51

De l'expression «jeter de l'huile sur le feu», on dit souvent que le problème, ce n'est pas l'huile, mais le feu. C'est peut-être moins vrai dans le cas du Brexit qui nous préoccupe depuis vendredi. Le feu, on le connaît, c'est une construction européenne qui divorce des peuples et qui donne davantage envie d'en partir que d'y rester. Ou alors par défaut. Pour avoir mené une campagne démagogique et xénophobe, le camp du leave a enflammé les débats en cognant sur tout ce qui constitue l'UE, en appuyant sur cet euroscepticisme ambiant. Mais en oubliant la position privilégiée dont bénéficie le Royaume-Uni. Le leave a tout fait pour gagner, sans préparer le principal : que faire de la victoire ? Un des principaux arguments avancés pour quitter l'Union européenne était de permettre au pays, ainsi libéré de ses chaînes, de reprendre son destin en main. C'est exactement l'inverse qui est en train de se produire. Entre l'impréparation désormais visible d'un Boris Johnson à mettre en place concrètement l'issue du référendum, les premières volte-face concernant les promesses (mensonges) de campagne, les guerres intestines dans les camps travaillistes et conservateurs qui menacent de les faire imploser, les craintes de dislocations territoriales avec l'Ecosse et l'Irlande, les premiers impacts négatifs sur l'économie du pays, le Royaume-Uni ne semble plus maîtriser son destin. Encore moins aujourd'hui qu'hier. Entre les pro-Brexit qui disent s'être trompés et les pro-remain qui ont soutenu l'Europe du bout des lèvres durant la campagne, beaucoup découvrent à l'UE honnie des vertus oubliées. Quitte à vouloir revenir sur l'issue du vote d'une manière ou d'une autre. Par principe, on ne joue pas avec un référendum si on n'est pas capable d'en assumer les conséquences. En France, nous sommes bien placés pour le savoir : nous payons la facture depuis 2005.