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Libération

Avec Rodrigo Duterte, un shérif arrive à la présidence philippine

publié le 29 juin 2016 à 19h01

Il arrive à la présidence comme il a déroulé sa campagne : à la hussarde et façon bulldozer. Rodrigo Duterte devient ce jeudi le 16e président des Philippines, pour un mandat de six ans. Et cette intronisation n'a rien d'une passation consensuelle et pacifiée. Le successeur du policé Benigno Aquino III débarque au palais Malacañang en aboyeur menaçant et insultant, en bad boy flingueur de l'establishment. Pressé et avide de résultats, il dégaine des projets à tout va et des déclarations à l'emporte-pièce qui pourraient révolutionner l'archipel et ses 100 millions d'habitants, s'ils n'y mettent pas le feu. Après une campagne outrancière et violente, son élection haut la main le 9 mai n'a pas donné lieu à un changement de ton chez «Duterte Harry». Lundi, lors d'un discours fleuve à Davao, la ville de l'île méridionale de Mindanao dont il est maire depuis plus de vingt-deux ans, le futur président a répété son choix de réintroduire la peine de mort, abolie en 2006. Durant la campagne, il préconisait l'instauration des pendaisons publiques, notamment pour éviter de gaspiller des balles. Avocat de formation, le «punisseur» a appelé les Philippins à abattre des trafiquants de drogue. Il a promis des primes de plusieurs milliers de pesos par délinquant exécuté. Viril, outrancier et protecteur, «Duterte se pose en politique authentique qui parle fort et insulte. Cela fait partie de son personnage et de son image de marque, note le politologue philippin Aries Arugay. Plus de modération ne jouera pas forcément en sa faveur. Bien sûr, ce ton n'est pas apprécié par tous les Philippins, mais c'est l'une des choses qui fascinent les gens lassés par un système politique délabré.» Duterte, 71 ans, veut lancer un vaste chantier de décentralisation de l'archipel. Il a prévenu qu'il passerait plus de temps à Davao que dans la capitale.