Depuis 2014, le chinois Lu Wei, 56 ans, tenait la Toile du pays dans ses mains. D'où le coup de tonnerre, mercredi, lorsque l'agence Chine nouvelle a confirmé qu'il allait être «remplacé» par son bras droit à la tête de l'Administration du cyberespace de Chine (CAC). Cet organisme avait été créé en 2014 par le président chinois, Xi Jinping, dans un grand mouvement de centralisation des administrations chargées du contrôle du Web. Lu Wei perd également sa place au sein du «bureau du groupe dirigeant central pour les affaires du cyberespace», dirigé par Xi Jinping et qui donnait les impulsions politiques à la CAC.
Le fait que Lu Wei conserve cependant sa troisième casquette - il est également vice-directeur du département de la Propagande, chargé de la censure des médias traditionnels - a donné du fil à retordre aux analystes. «C'est une grosse surprise, reconnaît Séverine Arsène, chercheuse au Centre d'études français sur la Chine contemporaine (CEFC), à Hongkong. Mais il n'y a pas de raison de tirer un mauvais bilan de son action. Au contraire, Lu Wei a donné une dimension offensive, et non plus uniquement défensive, au contrôle de l'information et de la communication. Il est possible qu'il soit dans les starting-blocks pour un autre poste. Ou bien, il estime être parvenu à centraliser toutes les administrations chinoises concernées par le numérique et il veut du coup confier la gestion des affaires courantes à son numéro 2. Ce qui voudrait dire que la CAC a atteint sa vitesse de croisière.»
Sous le règne de Lu Wei, la Chine a opéré un tour de vis sans précédent contre les opinions dissidentes sur internet. Les censeurs veillent en permanence et suppriment si besoin le moindre commentaire posté sur les réseaux sociaux. Une armée de bureaucrates envoie de plus chaque année 488 millions de «faux» messages à la gloire du Parti, pour divertir l’attention des sujets qui fâchent.