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Libération
EDITORIAL

Trop tard

publié le 30 juin 2016 à 19h51

Bouffon un jour, bouffon toujours. Jusqu'au bout, Boris Johnson se sera conduit en dilettante, en politicien aux petits pieds (et à grande bouche) incapable d'assumer la portée de ses actes et de ses déclarations à l'emporte-pièce. En déclarant jeudi qu'il ne serait finalement pas candidat à la succession de David Cameron, alors que sa campagne mensongère pour le Brexit ne visait que cet objectif, le leader du camp du leave a achevé de se décrédibiliser. Le récit que notre correspondante à Londres fait des diverses combines, trahisons et plans foireux ayant conduit à son ultime volte-face est consternant. Franchement, les Britanniques ne méritent pas ça. En une semaine, ils se seront découvert - trop tard - une fibre européenne plus forte qu'ils ne le pensaient et - trop tard aussi - un personnel politique bien moins structuré qu'ils ne l'imaginaient.

Que faire maintenant ? Pour l'heure, personne ne semble avoir la moindre idée de la suite des événements, ce qui n'est guère rassurant quand on sait la place centrale qu'occupe le Royaume-Uni dans la diplomatie et la finance mondiales. Le personnel de la City, justement, semble tiraillé entre déni et pragmatisme. Comme le montre notre envoyée spéciale, après vingt-quatre heures de sidération et d'hébétude, la place financière essaie de faire contre mauvaise fortune bon cœur. Certains tentent de se convaincre que rien ne changera, beaucoup imaginent déjà un «arrangement» avec l'Europe. Sur quel modèle ? La Norvège et la Suisse ont réussi à trouver, chacune à leur manière, un modus operandi avec l'UE (lire page 5), mais au prix de longues tractations et de certaines concessions, notamment sur le principe de libre circulation des personnes. Rien ne dit que le Royaume-Uni pourra y parvenir. La tragi-comédie n'est pas terminée