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Libération

Battu à Fallouja, l’Etat islamique commet un massacre à Bagdad

Publié le 03/07/2016 à 20h41, mis à jour le 04/07/2016 à 9h19

Une semaine après que l’Etat islamique (EI) a été entièrement chassé de la ville irakienne de Fallouja, l’un des kamikazes de l’organisation terroriste a tué, dans la nuit de samedi à dimanche, au moins 200 personnes à Bagdad. L’attentat visait un centre commercial d’un quartier chiite et chrétien. Ce type d’attaque sanglante et aveugle, touchant d’abord des civils, était particulièrement redouté depuis le recul territorial de l’Etat islamique, qui redouble d’efforts pour prouver au monde qu’il conserve sa capacité de nuisance. Selon l’agence Reuters, c’est un camion réfrigéré rempli d’explosifs qui a servi de véhicule piégé dans le quartier de Karrada, en plein centre de la capitale irakienne. La détonation est intervenue vers minuit, dans une rue commerçante très fréquentée à cette heure-ci en période de ramadan.

Dans un message audio posté il y a quelques semaines, le porte-parole de l'Etat islamique Abou Mohammed al-Adnani avait appelé ses partisans à faire de ce mois sacré «un mois de calamité pour les infidèles où qu'ils soient». L'attentat de Bagdad a été immédiatement revendiqué par le groupe terroriste, qui s'enorgueillit dans un communiqué d'avoir frappé «un rassemblement d'idolâtres». Plus de 200 personnes ont été blessées. Le bilan pourrait encore s'aggraver, des corps étant coincés sous les gravats des immeubles détruits.

Fallouja était considéré comme une rampe de lancement pour les kamikazes de l’EI envoyés se faire exploser à Bagdad, situé à seulement 50 kilomètres. La reprise de la ville, le 26 juin, par l’armée irakienne, soutenue par les milices chiites et les frappes aériennes de la coalition internationale, n’aura pas empêché le groupe terroriste de commettre l’attentat le plus meurtrier de l’année. Une nouvelle fois, les services de sécurité de la capitale, pourtant régulièrement meurtrie par des attaques à la voiture piégée depuis plus de dix ans, ont été impuissants : sur Twitter circulent des vidéos du convoi du Premier ministre, Haïdar al-Abadi, qui s’est rendu sur les lieux de l’explosion dans la matinée, caillassé par des habitants en colère.

Désormais en recul en Irak, en Syrie et en Libye, l’Etat islamique pourrait progressivement se concentrer sur les actions terroristes spectaculaires contre les chiites, mais aussi en Occident, pour continuer à exister médiatiquement.

Deux jours plus tôt, Washington avait annoncé avoir tué deux chefs militaires de l’organisation dans une frappe ciblée. Afin d’enrayer cette spirale du déclin, l’Etat islamique doit surenchérir. Beaucoup de jeunes jihadistes avaient été attirés par la propagande victorieuse du groupe terroriste : seuls les attentats peuvent encore lui permettre de manier sa rhétorique triomphante.