L'Europe ? On ne l'aime pas mais on ne la quitte pas. Drôle de mariage… En quelques réponses, notre sondage Viavoice-Libération résume parfaitement la crise endémique qui affecte les relations entre la France et l'Union. Les Français, jusqu'à preuve du contraire, ne sont pas prêts au «Frexit» et ce ne sont pas les palinodies de la classe politique anglaise et les soubresauts économiques subséquents qui vont les encourager à changer d'avis. Pour autant, ils n'aiment pas cette Europe à leurs yeux impotente en cas de difficultés graves, - migratoires ou financières, par exemple - incapable, surtout, de leur fournir la protection qu'ils demandent contre les excès de la mondialisation. C'est le grand échec politique des pro-européens : démontrer aux classes populaires, et pas seulement par le verbe, que l'Europe est aussi faite pour elles. Le discours libre-échangiste et concurrentiel tenu en permanence à Bruxelles a convaincu la majorité de l'opinion que l'Union n'était pas un rempart contre les grands vents du marché mondial mais au contraire le cheval de Troie d'une économie planétaire brutale et inégalitaire.
Comment remonter la pente ? Par une action commune vigoureuse. On dira que l’Allemagne s’y oppose. Ce n’est pas vrai. Les Allemands sont des Européens convaincus ; ils savent qu’ils ne peuvent pas gouverner seuls le continent, et d’ailleurs ils ne le veulent pas. Il leur faut, comme cela s’est toujours produit dans l’histoire de l’Union, un partenaire déterminé qui ne peut être autre que la France. François Hollande a réagi avec célérité et logique au Brexit. Sa ligne s’est vite imposée, en tout cas dans le discours. Ce sont les actes qui manquent le plus : une meilleure gouvernance, une réévaluation du rôle du Parlement, une relance économique commune. Sans cela, les Français finiront par quitter ce qu’ils aiment si peu…