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Libération
EDITORIAL

Cynique

publié le 11 juillet 2016 à 20h11

Traître un jour, traître toujours… Président de la Commission européenne, José Manuel Barroso avait déjà trahi l’esprit de l’Europe qu’il était censé incarner en ralliant la politique Bush en Irak, alors que plusieurs Etats-membres la récusaient, ou encore en imprimant à l’Union une impulsion libérale dogmatique qui a tant fait pour la couper des peuples. Il vient de récidiver en vendant son droit d’aînesse symbolique - l’héritage, entre autres, de Jacques Delors - pour un plat de dollars mitonné par Goldman Sachs. C’est-à-dire par la banque qui a manœuvré de la manière la plus cynique contre l’Europe dans la crise grecque ou qui a allumé la mèche de la crise des «subprimes», manquant de jeter à bas les économies occidentales en prenant soin de se gaver de gains spéculatifs au passage. Recrutement illégal ? La question se pose. Certes, Barroso a respecté les délais réglementaires avant d’embrasser la carrière de mercenaire du lobbying, chargé de manœuvrer en coulisses pour le compte des banques basées à Londres, menacées par le Brexit. Mais on lit aussi dans les textes communautaires que les anciens fonctionnaires de l’Union doivent faire preuve de «délicatesse» dans le choix de leur nouvel emploi. On cherche où pourrait bien se trouver cette «délicatesse» dans la décision de l’ancien président de la Commission. Et si la loi permet ce genre de mauvaise action, il est urgent de la changer. Réagissant à un geste qu’ils qualifient d’«indécent, indigne et honteux», les députés socialistes du Parlement européen proposent de rendre plus contraignant le code de conduite qui encadre le pantouflage des fonctionnaires européens. L’idée est juste et le Parlement européen se grandirait en réformant ces règles éthiques. Ce qui permettrait au passage à la France, très en retard dans ce domaine, de se mettre elle aussi à niveau…