De tous les candidats à la Maison Blanche, démocrates ou républicains, Bernie Sanders a sans conteste mené la campagne la plus positive. Une campagne porteuse d'espoir et de changement, qui n'était d'ailleurs pas sans rappeler celle d'un certain Barack Obama en 2008. Fidèle à ses convictions, le sénateur du Vermont sera resté en lice quasiment jusqu'au bout. Conscient toutefois de la nécessité de rassembler au plus vite le camp démocrate pour battre Donald Trump, il a fini par se rallier, mardi, à sa rivale des primaires. «Je soutiens Hillary Clinton. Elle sera la candidate démocrate. Et j'ai l'intention de faire tout mon possible pour garantir qu'elle sera la prochaine présidente des Etats-Unis», a déclaré Bernie Sanders lors d'un meeting dans le New Hampshire, le premier commun entre les deux candidats. «Merci Bernie pour ton soutien, a répondu Hillary Clinton. Mais surtout, merci pour ta vie passée à combattre l'injustice. Je suis fière de combattre à tes côtés».
En dépit de la menace Trump, la réunification du camp démocrate n’a pourtant pas été aisée. Après la dernière primaire, le 14 juin à Washington, le camp Clinton espérait un ralliement rapide de Bernie Sanders, éliminé de la course à l’investiture. Dès le lendemain du scrutin, les deux candidats s’étaient d’ailleurs retrouvés dans un hôtel de la capitale pour poser les bases d’un rapprochement. Sous pression, Bernie Sanders n’a pas plié. Déterminé à défendre bec et ongles sa «révolution politique», il s’est battu pour peser dans l’élaboration du programme démocrate, négocié ces dernières semaines. Ses efforts ont payé, puisque l’ébauche de programme, adoptée le week-end dernier et qui sera validée à la fin du mois lors de la convention du parti à Philadelphie, s’inspire largement de sa campagne.
Sur plusieurs sujets majeurs – éducation, santé, salaire minimum –, Bernie Sanders a très clairement tiré Hillary Clinton vers la gauche. La semaine dernière, l’ancienne secrétaire d’Etat a par exemple proposé de supprimer d’ici 2021 les frais de scolarité dans les universités publiques pour les étudiants dont la famille gagne moins de 125 000 dollars (112 700 euros) par an. Une concession de taille à Bernie Sanders, qui a qualifié cette proposition d’«avancée révolutionnaire».
En coulisses, ce rassemblement a été négocié par le responsable de la campagne Clinton, Robby Mook, et le bras droit de Bernie Sanders, Jeff Weaver, qui se sont parlé quotidiennement au cours du mois écoulé. Le rapprochement est même allé plus loin : ces dernières semaines, la campagne Clinton a embauché plusieurs cadres de l’équipe de son rival, contraint de réduire son staff. Les nouveaux directeurs de campagne de Clinton dans le Vermont et le Rhode Island, ainsi que le responsable chargé de la mobilisation dans les universités, sont d’anciens employés du camp Sanders.
Pour l'ancienne secrétaire d'Etat, l'enjeu est clair : ramener dans son giron les millions de jeunes séduits par «Bernie». Dans certains Etats, les moins de 30 ans ont voté à plus de 80% pour le sénateur du Vermont. Plus frappant encore : ce dernier a obtenu plus de voix dans cette catégorie d'âge qu'Hillary Clinton et Donald Trump réunis. «A tous ceux qui ont mis leur coeur et leur âme dans la campagne du sénateur Sanders, je dis merci. Notre pays a déséspérement besoin de votre voix et votre engagement, tout comme cette campagne et le parti démocrate, a lancé Hillary Clinton. Vous aurez toujours une place à la table des discussions quand je serai à la Maison Blanche».
Confrontée à un sérieux problème de confiance, jusque dans son propre camp, l’ancienne secrétaire d’Etat aura du mal à rallier les supporteurs les plus irréductibles de Bernie Sanders. Les autres, en revanche, semblent peu à peu rentrer dans le rang. Selon un récent sondage du Pew Center, 85% des électeurs ayant voté Sanders lors des primaires prévoient de voter Clinton en novembre. A quatre mois de l’élection présidentielle, le camp démocrate semble en ordre de marche derrière sa candidate. Ce visage d’unité retrouvée tranche avec la discorde qui règne toujours au sein du camp républicain.