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Libération

Amnesty épingle les disparitions d’opposants en Egypte

Publié le 13/07/2016 à 20h31

C’est l’histoire de Karim Abd el-Moez, étudiant en ingénierie de 22 ans, enlevé une nuit d’août 2015 au domicile familial par l’Agence nationale de sécurité (NSA) égyptienne et torturé pendant quatre mois à coups de décharges électriques afin qu’il avoue être affilié à l’Etat islamique. Ou de Mazen Mohamed Abdallah, soupçonné d’appartenir aux Frères musulmans, capturé en septembre 2015 et violé à plusieurs reprises avec un bâton. Amnesty International fait état de 17 cas semblables, dans un rapport publié mercredi. Ils seraient des centaines à subir le même sort depuis début 2015, estime l’ONG, qui s’appuie sur les témoignages d’anciens détenus, de proches, d’avocats ou de défenseurs des droits.

Les victimes sont des étudiants, des militants politiques, dont des adolescents. A chaque fois, le même scénario : la NSA arrête le suspect à son domicile, le soumet à la torture et à une disparition forcée. «Ce rapport expose au grand jour les méthodes que les autorités égyptiennes sont prêtes à employer pour terrifier et réduire au silence les protestataires et les dissidents», accuse Philip Luther, d'Amnesty International. Les proches des victimes restent souvent impuissants, n'apprenant que tardivement où leur proche est emprisonné. Amnesty dénonce aussi la collusion entre la NSA et le parquet égyptien, «qui a manifestement accepté à titre de preuve des éléments douteux présentés par la NSA, qui a basé des mises en accusation sur des "aveux" extorqués par la force, et qui s'est abstenu d'enquêter sur les allégations de torture».

Selon l’ONG, ce type d’abus est particulièrement flagrant depuis mars 2015, date à laquelle le président Abdel Fattah al-Sissi a nommé Magdy Abd el-Ghaffar, ministre de l’Intérieur. Ce dernier a été membre du SSI, la police secrète du président déchu Moubarak, connue pour ses violations des droits de l’homme. Remplacée en 2011 par la NSA, cette dernière est devenue l’organe principal de répression de l’opposition. Les autorités égyptiennes accusent Amnesty de répandre de fausses rumeurs et de soutenir des groupes «terroristes».