La collision entre deux trains, mardi, dans la région des Pouilles (Sud-est de l’Italie), a causé la mort de 23 personnes et fait 50 blessés. Le tronçon entre Corato et Andria, sur lequel s’est produit l’accident, est constitué d’une voie unique sur laquelle un convoi ne peut s’engager que si les chefs des gares de ces deux villes se mettent téléphoniquement d’accord pour laisser passer un train dans une direction ou dans l’autre.
Mardi, plusieurs responsables de la police et de la société des chemins de fer exploitant ce tronçon avaient énoncé une évidence : «un des deux trains ne devait pas se trouver sur cette voie unique» au moment de l'accident.
Erreur humaine et retard institutionnel
Sur la ligne reliant Bari à Barletta, seul ce tronçon de 12 kilomètres entre Corato et Andria reste à voie unique. Pourtant, le doublement de la ligne était prévu depuis plusieurs années et était, en plus, financé par des fonds européens à hauteur de 145 millions d'euros. Pour le quotidien italien La Repubblica, cet accident est le produit d'une erreur humaine mais aussi d'un retard institutionnel. «Derrière un des plus grands désastres ferroviaires de ces dernières années, il faut voir le poids de l'excès bureaucratique dans l'origine de ces défauts d'infrastructures», écrit Antonello Cassano dans le quotidien.
Le projet de doublement remonte à 2007, année où il a été inscrit sur la liste des opérations financées par les fonds communautaires 2007-2013 de l’Union européenne. En avril 2012, les fonds européens sont finalement débloqués. En 2013, les terres sur lesquelles doivent avoir lieu l’élargissement de la voie sont expropriées. Trois ans plus tard, le doublement n’a toujours pas vu le jour. Pourtant, dès 2011, alors que le projet était dans les tuyaux, le responsable régional des transports, Guglielmo Minervini, avait promis la fin des travaux pour 2015.
Trois enquêtes ont été ouvertes
La question reste : où sont passés les fonds alloués par l'UE ? D'après La Repubblica, ils ne seraient toujours pas dépensés. Après avoir été interrompu l'année dernière, le projet a redémarré sous l'impulsion du gouverneur Michele Emiliano, arrivé en poste en mai 2015. Ce dernier a demandé à insérer le projet dans la nouvelle programmation de fonds communautaires de l'UE 2014-2020. La Commission européenne l'a accepté. Quatre mois plus tard, le 19 avril, un appel d'offres est lancé pour un montant de 31 millions d'euros. Il n'a pour l'instant pas abouti, laissant cette catastrophe arriver trois mois plus tard.
Depuis hier, trois enquêtes ont été ouvertes : une de la justice, une du ministère des Transports et une de la société des chemins de fer, Ferrotramviaria, qui exploite la ligne. A la région, on cherche les responsables du côté de l’ancienne présidence et des administrations qui en dépendaient. Le ministre des Transports, Graziano Delrio, se présentera mercredi devant le Sénat, en milieu de journée, puis devant la Chambre des députés pour informer les élus italiens sur ce drame.