L'épisode de la semaine dernière, si vous l'avez manqué
L’événement de la semaine
La convention républicaine intronise officiellement Trump
C'était le grand rendez-vous de la semaine : de lundi à jeudi se tenait à Cleveland la convention du parti républicain, qui a officiellement désigné Donald Trump comme son candidat à l'élection présidentielle du 8 novembre. Après une journée de lundi marquée par de nombreux discours sécuritaires et une sombre affaire de plagiat de Melania Trump, son mari, Donald, a reçu l'intronisation officielle au terme d'un mardi également marqué par une forte hostilité contre lui. Confirmation mercredi, avec le «Cruzgate» : Ted Cruz, ex-candidat à la primaire, n'a pas explicitement appelé à voter Trump en novembre, tandis qu'un autre ex-candidat, Marco Rubio, se contentait du strict minimum, ce qui n'avait pas l'air de déranger outre mesure Donald Trump. Il faut dire que The Donald est particulièrement bien entouré par sa famille. Jeudi, c'est sa fille qui l'a introduit sur scène, pour le dernier discours de la convention, son premier en tant que candidat officiel du G.O.P., axé sur la sécurité et truffé d'approximations.
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L’enjeu de la semaine
Trump fait appel à sa fille pour séduire les électrices
On l'a déjà dit : Ivanka Trump est l'un des atouts majeurs de la campagne de son père. Elle est en tout cas réputée pour y prendre les décisions importantes et pour avoir, comme ses frères, l'entière confiance de son paternel. Alors quand il faut lancer une opération séduction sur les électrices (69% d'entre elles, tous partis confondus, n'en ont pas une bonne opinion, selon un récent sondage du Washington Post), surtout avec les allégations de tentative de viol portées contre le candidat qui sont ressorties cette semaine et au vu des commentaires misogynes régulièrement proférés pas le républicain et son staff, c'est Ivanka Trump qu'on appelle à la rescousse. Ainsi, lorsqu'elle a introduit le discours de son père hier (voir la vidéo), elle a insisté sur la façon dont il l'avait toujours incitée à penser en grand, et répété que les femmes salariées de l'entreprise Trump se voyaient donner leur chance : «Dans l'entreprise familiale, il y a plus de cadres femmes qu'hommes. Les femmes sont payées à égalité pour le travail que l'on fait et lorsqu'une femme devient mère, elle est soutenue». Et d'affirmer que son père était «gender neutral», c'est-à-dire qu'il ne tenait pas compte du fait de savoir si la personne qu'il avait en face de lui était une femme ou un homme («Il embauche le/la meilleur(e), point barre.»), et qu'il mettrait en place des lois pour garantir l'égalité salariale entre hommes et femmes.
Le casse-tête de la semaine
Vice-président de Trump, un poste-clé
La convention républicaine a aussi été l'occasion d'introniser celui qui sera le vice-président des Etats-Unis – un poste clé de la Maison blanche – en cas d'élection de Donald Trump : Mike Pence. Proche de la droite évangéliste, plutôt hostile à Trump, le gouverneur de l'Indiana a été choisi pour tenter d'unifier le parti. Bref, c'est un choix par défaut. De nombreux médias américains rapportent ainsi qu'après avoir appris à Pence qu'il était l'heureux élu, Trump a voulu faire marche arrière jusqu'à la veille de sa nomination officielle, avant d'en être dissuadé par ses conseillers…
That’s my man. (Photo AFP)
La nomination du «VP» aura décidément été un sacré casse-tête pour le milliardaire new-yorkais. Isolé au sein du parti républicain, peu enclin à faire confiance à autrui, Trump a longtemps galéré à trouver un colistier. Le New York Times a ainsi raconté cette semaine comment en mai dernier, alors que les primaires touchaient à leur fin, il a proposé à John Kasich, dernier candidat encore en course face à lui (mais battu à coup sûr), de faire ticket avec lui. La scène est cocasse. Donald Jr, fils de, appelle l'un des principaux conseillers de Kasich. «Veut-il devenir le vice-président le plus puissant de l'histoire ?» Le deal proposé : Kasich aurait en charge la politique intérieure et la politique étrangère, rien que ça. Et Trump alors, il serait en charge de quoi ? «Making America great again» («Redonner sa grandeur à l'Amérique», le slogan de campagne de Trump). Ah bah d'accord.
Le forcing médiatique de la semaine
Et pendant ce temps-là, les démocrates…
Si eux aussi auront la leur la semaine prochaine, la convention républicaine est, médiatiquement, une épine dans le pied des démocrates. C'est que les médias se concentrent forcément sur l'événement, reléguant la couverture du parti démocrate au deuxième plan. Du coup, Hillary Clinton n'a pas hésité à se la jouer troll, tweetant régulièrement pendant les interventions des républicains et de Donald Trump en particulier. Exemple, à l'occasion de son discours d'intronisation, ce tweet tranchant : «Nous valons mieux que cela». C'est on ne peut plus clair.
We are better than this.
— Hillary Clinton (@HillaryClinton) July 22, 2016
Autre moyen d'occuper l'espace médiatique : jouer à se demander qui sera le vice-président en cas de victoire démocrate. S'il semble que l'hypothèse Elisabeth Warren – qui d'ailleurs n'a pas eu de mots assez durs pour qualifier le candidat républicain cette semaine – soit définitivement écartée, les spéculations autour d'une éventuelle nomination du sénateur Tim Kaine permettent de rester dans le jeu médiatique…
Hillary Clinton et le sénateur Tim Kaine, à Annandale (Virginie) le 14 juillet. (Photo Saul Loeb. AFP)
Pour aller plus loin…
Chaque semaine, nous vous proposons une sélection d’articles à lire en VO, pour s’immerger encore plus dans la campagne.
•Le service public de radio NPR a repris le discours de Donald Trump à la convention républicaine de Cleveland, et l'a annoté, afin de montrer la récurrence de certains thèmes notamment. C'est à lire ici.
•Le site Mother Jones, plutôt marqué à gauche, a compilé et démonté tous les mensonges proférés cette semaine à Cleveland, où se réunissait le G.O.P. C'est fort instructif (à lire ici).