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Libération
Editorial

Dangereux

Publié le 22/07/2016 à 20h21

La course à la Maison Blanche se jouera bien entre Donald Trump et Hillary Clinton. Le milliardaire a cent jours devant lui pour essayer de rattraper son retard sur celle que les sondages donnent aujourd'hui gagnante. Pour terrasser ses concurrents et arracher son investiture au Parti républicain, le milliardaire n'a lésiné sur aucun ressort, même les plus répugnants, jouant sur la peur et le mépris de l'autre, qu'il soit étranger (et surtout musulman) ou femme. Malgré ou grâce à ces propos outranciers, Donald Trump est parvenu à déchaîner des foules avides d'un homme fort dans un pays en proie au doute et à la nostalgie de sa puissance perdue. Et la fin de la campagne risque d'être plus terrible encore, la haine de Hillary Clinton étant un des rares points que ces républicains divisés ont en commun. L'expérience a malheureusement montré que plus Trump dépasse les bornes, plus il engrange de voix. Dans ce contexte, les incitations à la haine, voire au meurtre, entendues ici ou là pendant la convention républicaine, sont non seulement indignes mais préoccupantes. Accuser la candidate démocrate d'être «dans le camp de Lucifer» ou bonne à finir en prison voire à être fusillée - comme on l'a entendu dans la bouche d'un délégué - est irresponsable et dangereux dans le climat de violence actuel. De l'assassinat de Martin Luther King à ceux de John et Robert Kennedy, l'histoire politique américaine est pleine de ces appels au meurtre qui ont fini par être entendus. En Israël, c'est le déchaînement de haine et de dénigrement déclenché par le camp adverse qui a abouti, en 1995, à l'assassinat du Premier ministre, Yitzhak Rabin, par un extrémiste juif. Les mots peuvent tuer, rappelait jeudi un éditorialiste du quotidien Haaretz.