Un champion de la sécurité et des laissés pour compte, déterminé à mettre l'Amérique d'abord pour restaurer sa grandeur : jeudi soir à Cleveland (Ohio), en clôture de la convention républicaine, Donald Trump a endossé le costume du sauveur. Dans un discours fleuve de près d'une heure et quart, le plus attendu de sa fulgurante carrière politique, le magnat de l'immobilier s'est projeté vers une nouvelle vie à la Maison Blanche, promettant d'offrir, s'il est élu en novembre, «une victoire au peuple américain». «J'ai adoré ma vie dans les affaires. Mais désormais, ma seule et exclusive mission est de travailler pour notre pays, de travailler pour chacun d'entre vous», a lancé Donald Trump.
Garant de l’ordre public
Confirmant le virage sécuritaire de sa campagne, sur fond de menace terroriste et de tensions autour de la police, Donald Trump s'est à nouveau posé en garant de l'ordre public. Sur ce point, la grand-messe républicaine s'est refermée comme elle avait débuté lundi soir : par un portrait lugubre d'une Amérique divisée, menacée et chancelante. «Notre convention survient à un moment de crise pour notre nation. Les attaques contre notre police et le terrorisme dans nos villes menacent notre mode de vie, a mis en garde Donald Trump. J'ai un message pour vous tous : le crime et la violence qui frappent aujourd'hui notre nation prendront fin bientôt. Le 20 janvier 2017 [le jour de l'investiture du prochain président, ndlr], la sécurité sera restaurée».
Tout au long de son discours, le candidat républicain a multiplié les promesses, restant toutefois avare en détail sur la façon de les tenir. «Je vais ramener nos emplois dans l'Ohio et en Amérique, et je ne laisserai pas les entreprises délocaliser et licencier sans conséquences», a-t-il par exemple martelé. Sur les terres industrielles de la Rust Belt, où la fragile reprise économique n'a pas effacé les ravages de la crise de 2008, Donald Trump s'est posé en champion des cols-bleus. «J'ai rendu visite aux ouvriers licenciés, je suis allé dans les communautés ravagées par nos accords commerciaux horribles et injustes. Ce sont les hommes et les femmes oubliées de notre pays. Les gens qui travaillent dur n'ont plus de voix. Je suis votre voix», a lancé le milliardaire, chaudement applaudi par les quelque 2 400 délégués et les milliers d'invités réunis à Cleveland.
Approximations et contre-vérités
«Ici, à notre convention, il n'y aura pas de mensonges. Nous honorerons le peuple américain avec la vérité, et rien d'autre», avait lancé Donald Trump au début de son discours. Comme toujours, le magnat de l'immobilier a pourtant enchaîné les approximations et les contre-vérités. La «fuite» d'une copie de son discours, peu avant le début de la soirée, avait permis aux médias de vérifier son contenu. Lorsque le milliardaire est apparu sur scène, les spécialistes du «fact-checking», la vérification des faits, s'en sont donné à cœur joie, contredisant en direct sur les réseaux sociaux certaines affirmations du milliardaire. Comme sur le niveau de criminalité, les conséquences économiques des accords de libre-échange ou les carences du système de contrôles des réfugiés. Depuis le lancement de sa campagne, il y a treize mois, Donald Trump n'a toutefois jamais souffert de ses nombreuses entorses à la vérité.
Pour unifier le parti républicain, le milliardaire s'en est pris vivement à Hillary Clinton. Sous les cris de «En prison ! En prison !», lancés par la foule, Donald Trump a attaqué le bilan de sa rivale démocrate, lorsqu'elle était secrétaire d'Etat. «Après quinze ans de guerre au Moyen-Orient, après des milliers de milliards de dollars dépensés et des milliers de vies perdues, la situation est pire qu'elle ne l'a jamais été. C'est l'héritage d'Hillary Clinton : mort, destruction, terrorisme et faiblesse», a taclé Trump. La réponse ne s'est pas fait attendre. «Nous valons mieux que cela», a réagi Hillary Clinton sur son compte Twitter. Le directeur de sa campagne, John Podesta, a estimé que Trump était «inadapté et pas qualifié pour être président des Etats-Unis».
We are better than this.
— Hillary Clinton (@HillaryClinton) July 22, 2016
Dans la salle, l'ambiance était électrique, malgré la longueur inhabituelle du discours. A la fin, alors que tombaient du ciel des milliers de ballons et de confettis, la famille élargie de Donald Trump ainsi que celle de son vice-président, Mike Pence, sont montés sur scène pendant plusieurs minutes. «C'était un discours formidable, estime Debbie Davis, membre de la délégation du Kentucky. Il a mis l'accent sur la sécurité, notre préoccupation majeure, tout en abordant les autres sujets. Je pense que ce discours va l'aider à se tourner vers l'élection générale et à rallier des indécis.» Les premiers sondages montreront dans quelques jours si Donald Trump bénéficie d'un effet post-convention.