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Etats-Unis: au-delà des conventions

Alors que les démocrates s’apprêtent à investir Hillary Clinton, les républicains ont officiellement choisi Donald Trump dans une quasi-unité.

Une déléguée pro-Trump à la convention républicaine à Cleveland (Ohio), jeudi. (Photo Jim Watson. AFP)
ParFrédéric Autran
Envoyé spécial à Cleveland (Ohio)
Publié le 22/07/2016 à 20h01

Sombre et simpliste, le discours de clôture de Donald Trump a électrisé jeudi les quelque 2 400 délégués et milliers d'invités rassemblés à Cleveland pour la convention républicaine. Hormis une brève révolte menée lundi par quelques Etats et le refus de Ted Cruz d'appeler à voter Trump, le milliardaire est en passe de réunir le parti autour de sa candidature. Sur la trentaine de délégués interrogés par Libé, un seul exclut catégoriquement de voter pour Donald Trump en novembre (lire ci-dessus).

Cela ne veut pas dire, loin de là, que tous les désaccords ont disparu. Le discours protectionniste de Trump préoccupe la frange libérale du parti. Ses trois mariages, son soutien passé à l'avortement ou au mariage gay dérangent la base conservatrice et religieuse. Mais pour mettre les républicains en ordre de bataille, Trump dispose d'un argument hors pair : Hillary Clinton, brandie comme un repoussoir ultime, une figure diabolique qui doit forcer chacun au compromis. Tout au long de la semaine, la haine de Clinton a été mise à l'honneur. «Fier de détester Hillary», «Hillary en prison», pouvait-on lire sur les tee-shirts vendus dans les boutiques officielles. «Enfermez-la ! Enfermez-la !» ont régulièrement entonné les militants républicains.

Lundi, la convention démocrate, qui doit entériner la nomination de l’ancienne secrétaire d’Etat, s’ouvre à Philadelphie. Du couple Obama à Joe Biden en passant par Bernie Sanders et Bill Clinton, les figures démocrates devraient brosser un portrait bien plus optimiste de l’Amérique. Sans l’ombre d’un doute, tous agiteront Trump comme un épouvantail. Après des primaires acharnées, la campagne générale s’apprête à débuter. Elle s’annonce comme la plus négative de l’histoire politique américaine.

«Notre mode de vie»

Trump est toujours Trump. Et il risque de le rester jusqu’au 8 novembre. Après des semaines de spéculations sur un éventuel adoucissement de son message en vue de l’élection générale, le New-Yorkais a clôturé la convention de la même manière qu’il avait lancé sa campagne, en juin 2015 : en attisant les peurs d’une Amérique au bord de l’abysse.

Certes, son discours fleuve de près d'une heure vingt, le plus attendu de sa fulgurante carrière politique, s'est révélé plus policé qu'à l'accoutumée, épuré des insultes et des surnoms puérils («Hillary la véreuse») qui ont fait sa marque de fabrique. Mais derrière ce léger raffinement sémantique, Trump a dépeint avec la même ténacité le portrait d'une nation en crise. «Les attaques contre notre police et le terrorisme dans nos villes menacent notre mode de vie», a-t-il lancé, confirmant le virage sécuritaire pris récemment par sa campagne.

Méthodiquement, statistiques à l’appui, le républicain a décliné les problèmes à résoudre : près de 4 enfants noirs américains sur 10 sous le seuil de pauvreté, 180 000 immigrants illégaux dans la nature en dépit de leur casier judiciaire, le salaire médian des ménages inférieur de 4 000 dollars à celui de l’an 2000, des infrastructures délabrées… En mettant le doigt sur ce qui ne va pas, Trump attise le sentiment d’anxiété, bien réel, du peuple américain. Selon le dernier baromètre mensuel de Gallup, seuls 17 % des Américains se disent satisfaits de la situation actuelle du pays.

«L’américanisme»

Le crime et la violence ? «Ils prendront fin bientôt», a-t-il assuré. L'économie ? «Nous créerons des millions de nouveaux emplois et des milliers de milliards de dollars de nouvelles richesses.» La lutte contre Daech ? «Nous allons les vaincre vite.»Donald Trump vante «l'Amériqued'abord». «L'américanisme, et non le globalisme, sera notre credo. Du moment que nous serons dirigés par des politiciens qui ne mettront pas l'Amérique d'abord, nous pouvons être sûrs que les autres nations ne nous traiteront pas avec respect», a martelé le magnat de l'immobilier. Comme souvent, Trump a toutefois offert peu de détails sur son plan pour «rendre sa grandeur à l'Amérique».