Menu
Libération
Récit

Au Japon, un déséquilibré tue 19 handicapés pour «revitaliser l’économie»

Dans la nuit de lundi à mardi, un homme de 26 ans a poignardé plusieurs résidents dans le centre pour handicapés de Sagamihara, à 50 kilomètres de Tokyo.
Au centre pour handicapés de Sagamihara, après l'attaque, le 26 juillet. (Photo Toru Hanai. Reuters)
publié le 26 juillet 2016 à 17h53

Le Japon, rarement confronté à une criminalité violente, était sous le choc mardi. Dans la nuit de lundi à mardi, un homme de 26 ans a poignardé plusieurs résidents dans le centre pour handicapés de Sagamihara, une ville du département de Kanagawa, à 50 kilomètres au sud ouest de Tokyo. Selon le dernier bilan, au moins 19 personnes ont été tuées – neuf hommes âgés de 41 à 67 ans et dix femmes de 19 à 70 ans –, 26 autres sont blessées, dont certaines dans un état grave.

Le gouvernement japonais a rapidement précisé qu'il excluait pour le moment tout lien avec l'islamisme radical. Le suspect est un ancien employé, du nom de Satoshi Uematsu. Il se serait introduit par effraction dans l'établissement, le Tsukui Yamayuri-en («Jardin de lys Tsukui»), vers 2h30 du matin. Les enquêteurs ont retrouvé une vitre brisée et un marteau à proximité. Après avoir perpétré le massacre, il a roulé jusqu'au poste de police de Fukui où il s'est rendu vers 3 heures. «Je l'ai fait», a alors déclaré l'homme aux cheveux colorés en blond, vêtu d'un tee-shirt et d'un pantalon noirs. «Je pensais que les personnes handicapées devaient disparaître», a-t-il ajouté. Son sac renfermait trois couteaux, donc certains ensanglantés. Satoshi Uematsu vivait seul à 500 mètres du Tsukui Yamayuri-en, dans une maison peu entretenue, à l'entrée envahie par les mauvaises herbes. Il avait travaillé de décembre 2012 à février dernier dans le centre qui abritait 149 handicapés, au milieu des bois et des résidences privées. Les raisons de son départ demeurent floues, certains médias évoquant un renvoi.

Lettre de menaces

Il y a cinq mois, l'homme avait tenté de remettre une lettre manuscrite à la présidence de la chambre basse du Japon dans laquelle il menaçait de commettre un massacre. Il affirmait notamment être capable de tuer 470 personnes handicapées et citait plusieurs établissements, dont le Tsukui Yamayuri-en. Dans la missive, Satoshi Uematsu se disait à la recherche d'un monde où les personnes souffrant de multiples handicaps, incapables de vivre avec leur famille ou d'être actives socialement, puissent être euthanasiées avec l'aval de leurs tuteurs. Il déclarait également vouloir ainsi «revitaliser l'économie» et «éviter une troisième guerre mondiale».

Après avoir été interrogé par la police, Satoshi Uematsu a été hospitalisé moins de deux semaines en février puis relâché. Epargné par la criminalité, le Japon a néanmoins connu d’autres attaques à l’arme blanche. En 2001, Mamoru Takuma, un ancien soldat de 37 ans souffrant de troubles psychologiques, est entré dans une école élémentaire d’Osaka avec un couteau de cuisine. Il a tué 8 enfants et en a blessé une dizaine d’autres ainsi que deux professeurs. Il a été pendu en 2004. En 2008, dans le quartier d’Akihabara à Tokyo, Tomohiro Kato, 25 ans, a foncé dans la foule avec un camion puis poignardé des passants, faisant 7 morts et dix blessés. Il a été condamné à mort.