Menu
Libération
Convention démocrate

Bernie Sanders en mouvement vers Hillary Clinton

Insistant sur les risques d'une présidence Trump, le sénateur du Vermont a appelé ses partisans à soutenir son ancienne rivale des primaires. Les pro-Sanders les plus irréductibles sont loin d'être convaincus.
Bernie Sanders à la convention démocrate, à Philadelphie, le 25 juillet. (Photo Scott Audette. Reuters)
publié le 26 juillet 2016 à 10h21

«Hillary Clinton doit devenir la prochaine présidente des Etats-Unis.» S'exprimant en clôture de la première soirée de la convention démocrate à Philadelphie, Bernie Sanders a apporté un soutien sans équivoque à sa rivale, dont la nomination devrait être entérinée ce soir. Passionné, empreint à la fois de gravité et d'optimisme – «notre révolution continue» –, le sénateur du Vermont a eu toutes les peines du monde à entamer son discours, ovationné debout pendant de longues minutes par les milliers de délégués et d'invités démocrates.

Peu avant les trois discours en prime-time (la First Lady, Michelle Obama, la sénatrice progressiste Elizabeth Warren et Bernie Sanders), un très violent orage s'était abattu sur la ville. Dans un contexte tendu au sein du Parti démocrate, secoué par un scandale interne, certains redoutaient un autre type de tempête, provoquée celle-là par les partisans les plus irréductibles de Bernie Sanders, opposés à tout ralliement à Hillary Clinton. Finalement, s'ils ont perturbé plusieurs interventions au cours de l'après-midi, celle de leur champion a été épargnée. Seules quelques huées ont été entendues lorsque Hillary Clinton a été mentionnée.

Il faut dire que le sénateur du Vermont a patiemment et intelligemment déroulé son argumentaire, lors d'un discours de plus d'une demi-heure au cours duquel il s'est attaché à souligner le fossé séparant Hillary Clinton et Donald Trump. Réforme de l'immigration et du système carcéral, santé, éducation, inégalités, respect des minorités, changement climatique : sur chaque dossier, Bernie Sanders a pointé du doigt les lacunes ou la dangerosité des propositions du candidat républicain. «Cette élection porte notamment sur le changement climatique, le plus grand risque environnemental qui pèse sur notre planète. Hillary Clinton écoute les scientifiques qui nous disent qu'à moins de transformer notre système énergétique dans un futur très proche, nous aurons plus de sécheresses, d'inondations et de montée des eaux », a ainsi souligné Bernie Sanders. Avant d'ajouter : «Donald Trump ? Eh bien, comme la plupart des républicains, il choisit de rejeter la science. Il pense que le changement climatique est un hoax [canular].»

«Pas une vraie progressiste»

Tout au long de sa campagne, son «mouvement», Bernie Sanders est parvenu à ramener dans son giron des millions d'électeurs, jeunes en particulier. D'ici l'élection du 8 novembre, il a promis de «tout faire» pour empêcher Donald Trump d'accéder à la Maison Blanche. «En ces temps troublés pour notre pays, cette élection doit servir à rassembler les gens, et non pas à nous diviser. Alors que Donald Trump est occupé à insulter une communauté après l'autre, Hillary Clinton comprend que notre diversité est l'une de nos plus grandes forces», a martelé Bernie Sanders, qui s'est dit «très fier» de se tenir aux côtés de l'ancienne Première dame.

Malgré cet appel à l'unité, les plus fervents supporteurs de Bernie Sanders refusent de soutenir Hillary Clinton, qu'ils jugent trop corrompue, trop proche de Wall Street. «Bernie peut dire ce qu'il veut mais je ne voterai pas pour elle, confie Jason Thompson, jeune délégué de l'Arkansas. Parce que ce n'est pas une vraie progressiste, parce qu'elle a voté pour la guerre en Irak et parce qu'elle a changé d'avis tellement de fois, notamment sur la question des accords de libre-échange.»

Pour battre Donald Trump cet automne, Hillary Clinton aura pourtant besoin de tous les électeurs possibles. Selon un sondage CNN, publié lundi, l'ancienne secrétaire d'Etat est devancée de cinq points par Donald Trump au niveau national, son pire score depuis le début de la campagne. D'après le site référence FiveThirtyEight, qui analyse l'ensemble des sondages, si l'élection avait lieu aujourd'hui, Donald Trump aurait 57% de chances de l'emporter. Le milliardaire gagnerait notamment plusieurs Etats clés, dont la Floride, l'Ohio et la Pennsylvanie.