Orlando, Nice, Kaboul… Les derniers attentats islamistes font craindre à l'Australie d'être à son tour la cible d'attaques menées sur son territoire. Face à cette menace, le gouvernement envisage de prolonger la détention des personnes condamnées pour terrorisme, qui ont purgé leur peine mais qui sont encore considérées comme à haut risque. «Il y a une menace réelle d'incidents terroristes ici en Australie, mais nous faisons tout notre possible pour que les Australiens soient en sécurité», a justifié le Premier ministre Malcolm Turnbull, réélu de justesse le 11 juillet dernier.
Prise d'otages dans un café à Sydney en 2014, assassinat d'un policier au commissariat de Parramatta par un adolescent radicalisé de 15 ans en 2015… Contrairement aux apparences, l'Australie n'est pas non plus épargné par les attentats. La police annonce en outre déjouer régulièrement des tentatives. Depuis septembre 2014, le gouvernement a recensé 16 opérations de contre-terrorisme aboutissant à l'inculpation de 44 personnes, a précisé le Premier ministre lors d'une conférence de presse.
Craintes et paranoïa
«Ce n'est pas la même ampleur qu'on connaît en France ou en Allemagne mais c'est suffisant pour faire naître des craintes et une sorte de paranoïa», décrit Xavier Pons, professeur à l'Université de Toulouse-le Mirail et spécialiste de l'Australie. Du fait de leur position insulaire, les Australiens sont très préoccupés par les questions de sécurité et redoutent "l'invasion" de personnes qui viennent dans le pays avec des intentions menaçantes.»
Ce projet de loi n'a rien de nouveau. Il s'inspire en fait de législations similaires à celles déjà en vigueur dans certains Etats pour les délinquants sexuels et pour les personnes extrêmement violentes. La prolongation de la détention serait assortie d'un suivi judiciaire avec des évaluations régulières, a tenu à rassurer George Brandis, le procureur général. La durée maximale de la prolongation doit encore être discutée, «mais on parle d'une période de potentiellement plusieurs années», a-t-il précisé.
Apologie du génocide
Après le durcissement de sa législation sur l'immigration, l'Australie n'en finit pas de renforcer ses mesures de sécurité. Le gouvernement propose de réduire de 16 à 14 ans l'âge minimum à partir duquel un ordre judiciaire restreignant les mouvements d'une personne peut être décidé pour prévenir un risque «terroriste». «Comme nous l'avons vu tragiquement l'an dernier lors de la fusillade au poste de police de Parramatta, 16 ans est un seuil trop bas», a justifié le procureur général. Un nouveau délit est également introduit : l'apologie du génocide, «en réponse à l'impact négatif sur notre communauté que peuvent avoir les personnes qui prêchent la haine», précise le communiqué du gouvernement.
Le projet de loi doit désormais être présenté devant la Chambre des représentants. La coalition conservatrice menée par le Premier ministre y étant majoritaire, le projet de loi devrait être adopté. Ce sera ensuite au tour du Sénat de se prononcer.