Si Hillary Clinton en doutait encore avant le début de la convention démocrate, elle sait désormais que ses deux meilleurs alliés pour conquérir la Maison Blanche sont ceux qui l’occupent actuellement. Après Michelle Obama, auteure lundi soir du meilleur discours de sa carrière publique - une ode poignante et optimiste à la diversité de l’Amérique -, Barack Obama a électrisé à son tour, hier soir, le Wells Fargo Center de Philadelphie, plein à craquer.
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«L'Amérique que je connais est pleine de courage, d'optimisme et d'ingéniosité. L'Amérique que je connais est décente et généreuse», a martelé d'entrée le président américain. Une vision positive aux antipodes du message très sombre de Donald Trump, qui ne cesse de dépeindre les Etats-Unis comme une nation sinistrée et menacée par l'insécurité, à laquelle lui seul pourrait rendre sa grandeur. «L'Amérique est déjà grande, l'Amérique est déjà forte. Et je vous le promets, notre force, notre grandeur, ne dépendent pas de Donald Trump […] Nous ne voulons pas d'un souverain», a tonné Barack Obama devant une salle conquise.
Si Barack Obama, en trois quarts d'heure de discours, n'a mentionné nommément Donald Trump qu'à six reprises, il n'a pas manqué d'évoquer les peurs et la colère dont se nourrit le candidat républicain. «Bien sûr, nous avons de réelles anxiétés», a dit le locataire de la Maison Blanche, optimiste mais pas naïf pour autant. «Nous sommes frustrés par la paralysie politique, inquiets des divisions raciales, choqués et attristés par la folie d'Orlando ou de Nice». Alors que la classe ouvrière et populaire blanche constitue le coeur de l'électorat Trump, Barack Obama a reconnu que la reprise économique n'avait pas bénéficié à tous. «Certaines zones de l'Amérique ne se sont jamais relevées des fermetures d'usines, et des hommes qui étaient fiers de travailler dur et de subvenir aux besoins de leur famille se sentent oubliés», a constaté le président américain.
Pour relever les défis de l'avenir, pour «faire mieux, être meilleurs», Barack Obama a martelé que son ancienne rivale des primaires de 2008 était - de loin - la plus qualifiée. «Hillary Clinton sait ce qui est en jeu dans les décisions que prend notre gouvernement pour les travailleurs, les personnes âgées, les petites entreprises, les soldats et les vétérans», a souligné Barack Obama, rappelant qu'en tant que secrétaire d'Etat, la candidate démocrate avait contribué aux décisions clés de son premier mandat. «Même en plein milieu d'une crise, elle écoute les gens. Elle garde son calme et traite tout le monde avec respect», a-t-il lancé, dans une pique à peine voilée au tempérament volcanique de Donald Trump.
A six mois de la fin de sa présidence, Barack Obama sait que la préservation de son héritage politique - sa réforme de la santé, l'accord sur le nucléaire iranien, le rapprochement avec Cuba ou les mesures de protection de l'environnement - dépend de la victoire d'Hillary Clinton. D'ici le 8 novembre, il devrait donc fortement s'impliquer dans la bataille électorale, endossant l'un de ses costumes favoris, celui de «Campaigner-in-Chief». Une présence plus que bienvenue pour l'impopulaire Hillary Clinton, qui espère bénéficier de la côte d'amour du 44e président : 51% d'opinions favorables au niveau national et 87% chez les sympathisants démocrates. «Ce soir, je vous demande de faire pour elle ce que vous avez fait pour moi. Je vous demande de la porter comme vous m'avez porté», a conclu Barack Obama. Quelques secondes plus tard, Hillary Clinton est venue le rejoindre sur scène, déclenchant l'hystérie dans la salle. Les deux alliés se sont chaleureusement enlacés, joignant leurs mains dans un geste d'unité. «Merci pour cet incroyable voyage, avait dit un peu plus tôt Barack Obama. Je suis prêt à passer le bâton du relais». Charge à Hillary Clinton de s'en emparer.